☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 194-195

non seulement dans le passage indiqué, mais encore dans
de très nombreux autres passages de la « recherche cri
tique » de M. Prokopovitch. Le lecteur sait probablement
quelle célébrité (quelle triste célébrité) s’est acquise M. V.V.

par son interprétation incroyablement étriquée et avilie
de la doctrine du matérialisme dit « économique » : une
fois « remaniée » par M. V. V. cette doctrine ne consistait
pas à ramener en fin de compte tous les facteurs au dévelop
pement des forces productives, mais à la possibilité de
gliger de nombreux facteurs extrêmement importants (bien
que dérivés en dernière instance). C’est une délormation
toute semblable que nous offre à son tour M. Prokopovitch,
lorsqu’il tente de prendre Kautsky en flagrant délit de sous
estimation des «forces matérielles» (144), alors, que lui
même confond avec désinvolture les « organisations éco
nomiques » (145) et la « force économique » (notamment
dans les pages 146 et 149). Nous ne pouvons malheureusement
nous étendre autant qu’il le faudrait sur l’analyse de cette
erreur de M. Prokopovitch, et nous devons renvoyer le lec
teur au livre susmentionné de Kautsky contre Bernstein
(Abschnitt III, paragraphe a), où sont examinés on détail
les originaux des refrains entonnés par M. Prokopovitch.

Nous espérons aussi que le lecteur, s’il lit attentivement
le livre de M. Prokopovitch, so persuadera aisément que
la théorie pourfendue par notre « chercheur critique »
(là encore, d’ailleurs, M. Prokopovitch passe modestement
sous silence les conceptions dos fondateurs do la théorie
et s’abstient de les analyser, préférant se borner à des ex
traits de discours et d’articles des partisans actuels de
cette théorie), n’est aucunement responsable de ce caractè
re scandaleusement étriqué du matérialisme « économique »
(voir, par exemple, les déclarations de militants belges qui
font autorité, pages 74, 90, 92, 100 de la seconde partie).

A propos des extraits cités par M. Prokopovitch, il
faut noter qu’il détache souvent des passages de leur contex
te, en offrant au lecteur une version déformée d’opinions
et d’arguments qui ne figurent pas dans les publications
russes. La critique cavalière de M. Prokopovitch produit
de ce fait une impression particulièrement rebutante. Dans
certains cas, il ne sera pas inutile pour le lecteur de son
livre de consulter même l’ouvrage récemment traduit en

russe du professeur Herkner : Le travail des ouvriers en
Europe occidentale (Saint-Pétersbourg 1899, édition de
la revue Obrazovanié). Par exemple, dans une note de la
p. 24 (Ire partie), M. Prokopovitch écrit qu’au Congrès de
1892 « fut adoptée une résolution favorable à l’organisation
de coopératives de production », suit une citation qui,
d’abord, ne confirme pas entièrement les paroles de l’au
teur, et, puis, est interrompue juste à l’endroit où l’on sou
ligne la nécessité de « lutter notamment contre la croyance
selon laquelle les coopératives sont en mesure d’exercer
une influence sur les rapports capitalistes de production,
etc. » (Herkner, Notes, pages XI-XII, note 6 du chapitre
IX).

C’est avec le même succès que M. Prokopovitch anéan
tit Kautsky aux pages 56, 150, 156, 198 et en beaucoup d’au
tres endroits. Il se livre à des assertions gratuites en affir
mant qu’au cours des années 60 Liebknecht aurait renoncé
pour un certain temps à ses idéals, qu’il les aurait trahis,
etc. (111, 112). L’impudence et l’aplomb de notre « cher
cheur », dont nous connaissions déjà quelque peu le
bien-fondé des jugements, atteignent des proportions vrai
ment monumentales dans une phrase comme celle-ci (diri
gée une fois encore non contre le fondateur de la théorie,
mais contre son « gardien ») : « Nous aurions procédé bien
à la légère en entreprenant do critiquer toute cette concep
tion du mouvement ouvrier du point de vue de sa confor
mité avec le cours réel de ce mouvement, — du point de vue
de son caractère scientifique (les italiques sont de M. Pro
kopovitch). Elle ne contient pas et ne saurait contenir
(sic !) la moindre once de science » (156). Voilà ce qu’on
appelle une critique catégorique ! Tout ce marxisme ne
rite même pas d’être critiqué, et voilà tout. Nous avons
visiblement affaire, soit à un homme à qui le destin réserve
d’accomplir un gigantesque bouleversement dans la science
dont « il ne peut y avoir » « la moindre once » dans la théorie
qui règne en Allemagne, soit... soit — comment s’exprimer
sans être trop dur? — soit à un homme qui répète, dans
son « égarement », les formules d’autrui. M. Prokopovitch
se prosterne avec tant de ferveur devant la toute dernière
en date des idoles qui vient, pour la millième fois, de pro
clamer ces formules, qu’il ne ménage pas son front. Bern
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