Volume 04 pages 192-193
des, p. 30 * ; Le développement du capitalisme en Russie,
p. 19 **). Deuxièmement, Bernstein raisonne exactement de
la même manière que chez nous M. V. V. quand il dit que
l’énorme augmentation du surproduit doit nécessairement
signifier une augmentation du nombre des possédants
(ou une amélioration du bien-être des ouvriers), car les ca
pitalistes eux-mêmes et leurs domestiques (sic !) ne peuvent
évidemment pas « consommer » tout le surproduit (Die
Voraussetzungen, etc., S. 51-52). Ce raisonnement naïf igno
re complètement le rôle de la consommation productive,
comme l'a montré Kautsky dans son livre contre Bernstein
(Kautsky : Gegen Bernstein, II Abschnitt ***, paragraphe sur
« l’emploi de la plus-value »). Mais voici qu’entre en lice
le bernsteinien russe recommandé par Bernstein, et qui dit
tout juste le contraire, fait la leçon à Kautsky à propos du
rôle de la « consommation productive » et, à cette occasion,
pousse jusqu’à l’absurde la découverte de Marx, en lui im
putant l’affirmation selon laquelle la consommation pro
ductive pourrait se développer tout à fait indépendamment
de la consommation individuelle ! Comme si la réalisation de
la plus-value par son affectation à la fabrication do moyens
de production éliminait en fin de compte la dépendance
de la production à l’égard de la consommation et, par con
séquent, ’ supprimait la contradiction entre la première et
la seconde I Le lecteur peut juger, d’après cet exemple, si
M. Prokopovitch a été réellement amené par scs « recherches »
à « abandonner une bonne moitié de ses prémisses théo
riques » ou si cet « abandon » de notre « chercheur criti
que » provient de quelque raison différente.
Autre exemple. Notre auteur a consacré en tout et pour
tout trois pages (25-27) de « recherches » à la question
des coopératives paysannes en Allemagne. Citant une liste
des différents types de coopératives et des données statisti
ques sur leur rapide développement (spécialement pour les
coopératives laitières), M. Prokopovitch raisonne comme suit:
«Alors que l’artisan est déjà presque un déraciné dans
la structure économique actuelle, le paysan s’y maintient
♦ Voir V. Lénine, Œuvres, tome 2, pp. 165-166. (N.R.)
♦♦ Ibid., tome 3. (2V.7Î.)
Kautsky: Contre Bernstein, 2e partie. (N.R.)
solidement ( ! ). » Voilà qui est vraiment simple, n’est
ce pas ? La sous-alimentation des paysans allemands, leur
épuisement dû à un travail excessif, l’exode rural, tout cela
doit être un tissu d’inventions. 11 sullit de signaler la rapide
augmentation du nombre dos coopératives (surtout laitiè
res, qui ont pour conséquence de priver de lait les entants
de paysans et d’aggraver la dépendance de ces derniers à
l’égard des capitalistes) pour démontrer la «solidité» de
la paysannerie. « Le développement des rapports capitalis
tes dans l’industrie de transiormation ruine l’artisan et
améliore le sort des paysans. Il » (le sort ? ) « fait obstacle
à la pénétration du capitalisme dans l’agriculture. » Voilà
bien du nouveau ! Jusqu’à présent, on pensait que la pro
gression du capitalisme dans l’industrie de transiormation
était justement la principale force engendrant et dévelop
pant le capitalisme dans l’agriculture. Mais M. Prokopo
vitch, tout comme ses modèles allemands, serait parfaite
ment fondé à dire de lui-même : nous avons changé tout ça l *
Seulement, est-ce bien exact, Messieurs ? Avez-vous réelle
ment changé quoi que ce soit, avez-vous réellement prouvé
le caractère erroné ne serait-ce que d’une seule thèse fon
damentale de la théorie que vous « pourlendez », et l’avez
vous remplacée par une thèse plus exacte ? N ’êtes-vous pas
au contraire revenus à de vieux préjugés ?... « D’autre part,
l’essor de l’industrie de transiormation assure au paysan
des gains d’appoint »... Et voilà ressuscitée la doctrine de
M. V. V. et Clc sur les gains d’appoint des paysans ! Que
ces « gains » traduisent dans une ioule de cas la trauslor
mation du paysan en ouvrier salarié, M. Prokopovitch juge
superllu de le mentionner. 11 préfère terminer sa « re
cherche » par une phrase ronllante : « La sève vitale n’a
pas encore abandonné la classe paysanne. » A la vérité,
c’est précisément sur l’exemple de l’Allemagne que Kaut
sky a montré que les coopératives agricoles sont un stade
de transition vers le capitalisme —mais nous avons déjà
vu, n’est-ce pas, comment le redoutable M. Prokopovitch
a anéanti Kautsky !
Nous voyons ressusciter les conceptions des populistes
(plus précisément des populistes de la nuance de M. V. V.);
♦ En français dans le texte. (iV. R.)
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