Volume 04 pages 118-119
cas considéré, les causes et les sources de l’endettement,
afin d’en comprendre la signification. » H s’agit là apparem
ment d’une coquille ou d’un lapsus. M. Boulgakov ne sau
rait prétendre qu’un économiste (traitant par surcroît du
«développement de l’agriculture dans la société capitaliste»
en général) doive ou meme puisse rechercher les causes de
l’endettement « dans chaque cas considéré». Si M. Boulga
kov voulait parler de la nécessité d’analyser les causes de
l’endettement dans différents pays et à différentes périodes,
nous ne pouvons tomber d’accord avec lui. Kautsky a par
faitement raison de dire que l’on a accumulé trop de mono
graphies sur la question agraire, que la tâche théorique
urgente n’est nullement d’ajouter de nouvelles monogra
phies, mais d’« étudier les tendances fondamentales de
l’évolution capitaliste de l’agriculture envisagée dans son
ensemble» (Vorrede, S. VJ*). Au nombre de ces tendances
ligure, sans aucun doute, la séparation entre l’exploitant
agricole et la terre, sous la forme d’une augmentation de
l’endettement hypothécaire. Kautsky a défini avec préci
sion et clarté la signification véritable des hypothèques,
leur caractère historiquement progressif (la séparation entre
l’exploitant agricole et la terre est une des conditions de la
socialisation de l’agriculture, S. 88), leur rôle indispen
sable dans l’évolution capitaliste de l’économie agricole**.
Tous les raisonnements de Kautsky à ce sujet ont une très
grande valeur théorique et fournissent une arme puissante
contre le verbiage bourgeois si répandu (notamment dans
«n’importe quel manuel d’économie agricole») sur les
« malheurs » de l’endettement et sur les « mesures d’assis
tance»... «Troisièmement, conclut M. Boulgakov, la terre
affermée peut à son tour être mise en gage et, en ce sens, se
trouver dans la situation d’une terre non affermée. » Etrange
argument ! Que M. Boulgakov montre ne serait-ce qu’un
* Préface, page VI. (TV.R.)
♦♦ L’augmentation de l’endettement hypothécaire n’est pas tou
jours un indice, loin de là, d’un état déshérité de l’agriculture... Le
progrès et la prospérité de l’économie agricole (tout comme son déclin)
« doivent se traduire par un accroissement des dettes hypothécaires —
d’abord, du fait des besoins croissants de l’agriculture en capitaux,
quand elle est en période d’ascension; ensuite, du fait de la hausse de
la rente foncière qui rend possible l’extension du crédit agricole» (S.87).
seul phénomène économique, une seule catégorie économi
que, qui ne s’enchevêtre pas avec d’autres. Les cas de cu
mul d’un fermage et d’une hypothèque ne réfutent pas et
n’affaiblissent môme pas le principe théorique suivant le
quel le processus de séparation entre la terre et l’exploitant
agricole s’exprime sous deux formes: le système du fermage
et l’endettement hypothécaire.
« Encore plus inattendue » et « complètement inexacte»
est aussi, aux dires de M. Boulgakov, la thèse de Kautsky
suivant laquelle « les pays où le système du fermage est
développé sont aussi ceux où domine la grande propriété
foncière » (S. 88). Kautsky parle ici de la concentration
de la propriété foncière (dans le système du fermage) et de la
concentration des hypothèques (dans le système du faire
valoir direct) comme d’une condition qui facilite la dispa
rition de la propriété foncière privée. Au sujet de la concen
tration de la propriété foncière, poursuit Kautsky, il n’exis
te pas de statistique « qui permettrait d’observer la réunion
de plusieurs domaines entre les mains d’une même personne»,
mais « dans l’ensemble on peut admettre » que la multipli
cation des fermages et des superficies affermées va de pair
avec la concentration de la propriété foncière. « Les pays où
le système du fermage est développé sont aussi ceux où
domine la grande propriété foncière. » Il est clair que tout
ce raisonnement de Kautsky ne concerne que les pays où le
système du fermage est répandu, mais M. Boulgakov se
réfère à ]a Prusse orientale, où il « espère montrer » une
augmentation des formages parallèle au morcellement de
la grande propriété foncière, et par cet exemple isolé il
prétend réfuter Kautsky! M. Boulgakov a seulement le
tort d’oublier d’informer le lecteur que Kautsky lui-même
signale le morcellement des grands domaines et l’extension
du fermage paysan à l’est de l’Elbe, tout en expliquant,
comme nous le verrons ci-après, la signification véritable
de ces processus.
Kautsky démontre la concentration de la propriété fon
cière dans les pays d’endettement hypothécaire en s’ap
puyant sur la concentration des établissements hypothécai
res. M. Boulgakov estime que cela ne prouve rien. .« Il
peut facilement arriver, — à son avis, — qu’il se produise
une déconcentration du capital (par le moyen des actions)