Volume 04 pages 56-57
commerce extérieur. Mais, si nous supposons une reproduc
tion annuelle normale à une échelle donnée, nous supposons
aussi par là que le commerce extérieur remplace les arti
cles (Artikel — marchandises) indigènes seulement par des
articles d'une forme d'usage et d'une forme naturelle diffé
rentes, sans allecter les rapports de valeur. Il n’allecte
donc pas non plus les rapports de valeur selon lesquels les
deux catégories : moyens de production et biens de con
sommation, échangent réciproquement leur produit, et pas
davantage les rapports entre capital constant, capital va
riable et plus-value, selon lesquels se décompose la valeur
du produit de chacune de ces sections. L’introduction du
commerce extérieur dans l’analyse de la valeur du produit
annuellement reproduite ne peut que créer de la confusion,
sans apporter aucun élément nouveau, soit au problème,
soit à sa solution. Il faut donc en faire entièrement ab
straction... » (Pas Kapital, II1, S. 469)11. Les mots soulignés
l’ont été par nous.) La «solution du problème» donnée
par M. Tougan-Baranovski s’énonce ainsi : « ...dans chacun
des pays qui importent des marchandises de l’étranger, il
peut y avoir du capital en excédent ; pour un tel pays, le
marché extérieur est absolument nécessaire » ( Les crises in
dustrielles, p. 429. Cité dans le MirBoji, passage cité, p. 121) ;
ce qui est une simple paraphrase de la thèse do Marx. Ce der
nier dit qu’en analysant la réalisation, il ne faut pas tenir
compte du commerce extérieur, car celui-ci ne fait que rem
placer certaines marchandises par d’autres. M. Tougan-Bara
novski écrit, examinant cette même question de la réalisation
(Les crises industrielles, chap. Ier de la 2° partie), qu’un
pays qui importe des marchandises doit aussi en exporter,
c’est-à-dire avoir un marché extérieur. On peut se deman
der, après cela, si « la solution du problème » donnée par
M. Tougan-Baranovski « n’a nullement été empruntée à
Marx ». M. Tougan-Baranovski dit plus loin que « les li
vres II et III du Capital ne sont que des ébauches qui sont
loin d’être achevées » et que, « pour cette raison, nous ne
retrouvons pas au livre III les conclusions de l’analyse
remarquable présentée dans le livre II » (ouv. cité, p. 123).
Cette affirmation, elle aussi, est inexacte. A côté d’ana
lyses particulières de la reproduction sociale (Das Kapital,
III, 1, 289)12 — explication du sens et de la mesure dans
lesquels la réalisation du capital constant est « indépen
dante » de la consommation individuelle, — « nous trou
vons dans le livre III » un chapitre spécial (le 49e : « A pro
pos de l’analyse du procès de production ») consacré aux
conclusions de l’exposé remarquable du livre II ; dans ce
chapitre les résultats de cette analyse sont appliqués à la
solution du très important problème des lormes du revenu
social dans la société capitaliste. Enlin, il convient de
considérer également comme inexacte l’affirmation de
M. Tougan-Baranovski selon laquelle « Marx, dans le
livre III du Capital, s’exprime sur cette question d’une
manière totalement différente », ce livre « contenant même
des affirmations entièrement réfutées par cette analyse »
(ouv. cité, p. 123). M. Tougan-Baranovski cite à la page
122 de son article deux de ces considérations qui seraient
en contradiction avec la doctrine fondamentale de Marx.
Examinons-les de plus près. Dans le livre III, Marx dit :
« Les conditions de l’exploitation immédiate et celles
de sa réalisation ne sont pas identiques. Elles ne diffèrent
pas seulement par Je temps et le lieu, théoriquement non
plus elles ne sont pas liées. Les unes n’ont pour limite
que la force productive de la société, les autres, les pro
portions respectives des diverses branches de production
et la capacité de consommation de la société... Plus la
force productive (de la société) se développe, plus elle
entre en conflit avec la base étroite sur laquelle sont fondés
les rapports de consommation. » (III, 1, p. 226. Trad. russe.
p.189J3.) M. Tougan-Baranovski interprète ce passage
dans ces termes : « La proportionnalité dans la répartition
de la production nationale ne suffit pas à garantir la pos
sibilité d’un débouché pour les produits. Ces derniers peu
vent ne pas trouver de marché, même si la répartition de
la production obéit à certaines proportions — tel est,
semble-t-il, le sens des paroles précitées de Marx. » Non,
le sens de ces paroles n’est pas celui-là. Il n’y a aucune rai
son d’y voir une rectification quelconque à la théorie de
la réalisation exposée dans le livre IL Marx ne fait que
constater ici cette contradiction du capitalisme déjà si
gnalée dans d’autres passages du Capital, à savoir la con
tradiction entre la tendance à élargir sans limites la pro
duction et la nécessité d’une consommation limitée (par