☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 50-51

politique à la légère mir nichts dir nichts *, sans aucune
connaissance préalable, sans s’être familiarisé avec de
fort nombreuses et fort importantes questions ayant trait
à l’histoire, à la statistique, etc. Les étudiants verront
qu’on ne peut s’initier aux problèmes de l’économie so
ciale dans son développement et de son influence sur la
société en se bornant à consulter un seul ou même plu
sieurs de ces manuels et de ces cours qui se distinguent sou
vent par une étonnante « aisance dans l’exposé », mais
aussi par un étonnant manque d’idées, par l’habitude
de parler pour ne rien dire ; ils verront que les questions
économiques sont indissolublement liées aux problèmes
les plus brûlants de l’histoire et de la réalité contempo
raine, et que ces derniers plongent leurs racines dans les
rapports sociaux de production. Tel est précisément le
principal objet de tout manuel : donner les notions de
base sur le sujet traité et montrer dans quelle direction
il convient de l’approlondir et pourquoi une telle étude
est importante.

Indiquons à présent les endroits du livre de M. Bog
danov qui exigent, à notre avis, des améliorations ou des
compléments. Nous espérons que l’honorable auteur ne
nous en voudra pas d’être quelque peu tatillon et même
de chercher la petite bête : dans un abrégé, chaque phrase
et même chaque mot a une signification incomparablement
plus importante que dans un exposé circonstancié et détaillé.

M. Bogdanov s’en tient d’habitude à la terminologie
de l’école économique à laquelle il se rattache. Mais, parlant
de la forme de la valeur, il remplace ce terme par l’ex
pression « la formule de l’échange » (pp. 39 et suivantes)
qui nous semble malheureuse ; si le terme « forme de la va
leur » est en effet peu commode dans un manuel abrégé,
il vaudrait peut-être mieux dire à sa place : forme de 1 ’échan
ge ou degré de développement de l’échange, sinon on obtient
des énoncés tels que « le règne de la deuxième formule de
1 échange» (p. 43) (?). Parlant du capital, l’auteur a eu
tort de ne pas indiquer la formule générale du capital,
* Comme l’a très justement noté Kaulsky dans la préface à son
livre bien connu : Marx1 s Oekonomische Lehren {La doctrine écono
mique de K. Marx. — N.R.)

qui aurait aidé les étudiants à comprendre que le capital
marchand et le capital industriel sont de même nature.—
Lorsqu’il caractérise le capitalisme, il omet de signaler
l’accroissement de la population industrielle et commer
çante aux dépens de la population agricole, et la concen
tration de la population dans les grandes villes ; cette la
cune est d’autant plus sensible que, à l’endroit du moyen
âge, il a traité en détail des rapports entre la ville et la
campagne (pp. 63 à 66), tandis qu’à propos de la cité mo
derne, il s’est borné à quelques mots sur la subordination
de la campagne à la ville (p.174). Dans l’histoire de
l’industrie, l’auteur place résolument le «système domes
tique de production capitaliste » * « à mi-chemin entre
l’artisanat et la manufacture » (p.156, thèse 6). En l’oc
currence, une telle simplification ne nous apparaît pas
très heureuse. L’auteur du Capital décrit le travail capi
taliste à domicile dans la section consacrée à l’industrie
mécanique, en le rapportant directement à l’action trans
formatrice exercée par cette dernière sur les anciennes for
mes de travail. Effectivement, des formes de travail à do
micile comme celles qui régnent, par exemple, en Europe
et en Russie dans l’industrie de la confection ne peuvent
absolument pas être placées « à mi-chemin entre l’artisa
nat et la manulacture ». Elles se situent au-delà de la manu
facture dans le développement historique du capitalisme
et il aurait fallu, pensons-nous, dire quelques mots à ce
sujet. — Une lacune sensible du chapitre sur la phase du
machinisme dans le capitalisme **, c’est l’absence d’un
paragraphe sur l’armée de réserve du travail et la surpo
pulation capitaliste, engendrée par l’industrie mécanique,
sur sa signification dans le mouvement cyclique de l’in
dustrie, sur ses principales formes. Les brèves allusions à
ces phénomènes faites sur les pages 205 et 270, sont abso
lument insuffisantes. — L’affirmation de l’auteur sui
* Pp. 93, 95. 147, 156. Il nous semble que l’auteur a été bien
inspiré en remplaçant par ce terme la formule : « système domestique
de grande production », introduite dans nos publications économi
ques par Korsak.

*♦ La distinction rigoureuse entre la période manufacturière et
la période du machinisme dans l’évolution, du capitalisme est un très
grand mérite du Cours de M. Bogdanov.

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