☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 42-43

les matériaux relativement valables do ceux qui ne le
sont guère. Comme nous l’avons vu, la principale erreur
de M. Karychev (et de beaucoup d’autres ) consiste préci
sément à ne pas avoir effectué cette distinction. Les chif
fres concernant le nombre des « fabriques et usines »
sont le moins précis et ne peuvent en aucun cas être utili
sés sans un examen préalable et attentif (relever les éta
blissements les plus importants, etc.). Les indications tou
chant le nombre des ouvriers et la valeur de la production
sont beaucoup plus dignes de foi dans leurs résultats d’ensem
ble (une analyse rigoureuse est cependant nécessaire pour pré
ciser de quelles productions il a été tenu compte, comment
a eu lieu le recensement, de quelle façon a été déterminée
la valeur de la production, etc.). Des résultats plus détail
lés révéleraient que les chiffres ne sont pas comparables
et que leur utilisation entraîne des erreurs. Seule l’ignorance
de toutes ces circonstances peut expliquer l’invention des
fables sur la diminution en Russie du nombre des fabri
ques et des ouvriers qui y travaillent (par rapport au chif
fre de la population), fables que les populistes ont mis
tant de zèle à répandre.

Quant à l’étude proprement dite des matériaux, elle
doit nécessairement être basée sur les renseignements con
cernant chaque fabrique prise à part, c’est-à-dire sur une
documentation mise en fiches. Ces dernières doivent être
classées avant tout par unités territoriales. La province
est une unité trop vaste. La question de la répartition
géographique de l’industrie est si importante qu’elle re
quiert des groupements par villes, par banlieues, par vil
lages ou groupes de villages formant des régions ou des cen
tres industriels. Il faut ensuite un classement par indus
tries. Sous ce rapport, le dernier système adopté par notre
statistique des fabriques et des usines a introduit, à notre
avis, une modification regrettable en rompant radicale
ment avec l’ancienne classification des industries, en vi
gueur depuis les années 60 (et même avant). La Liste a
groupé, d’une façon nouvelle les branches de la produc
tion réparties en 12 sections : si l’on se borne à envisager
les données section par section, on obtient des cadres
mesurément larges, qui englobent et confondent les pro
ductions les plus diverses (industries du drap et du feutre,

scieries et fabrication des meubles, papeterie et impri
merie, fonderies et bijouterie, briqueteries et fabriques
de porcelaine, industries du cuir et de la cire, huileries
associées aux raffineries de sucre, brasseries et manulactures
de tabac, etc.). Mais si l’on subdivise en détail toutes ces
sections d’après les industries, on obtient (voir Mikouline,
ouv. cité) des groupes morcelés à l’extrême, au nombre de
plus de 300 ! L’ancien système, qui comprenait 10 sections
et environ 100 branches (91 d’après l’Index pour 1890)
nous paraît beaucoup mieux conçu. En outre, il est
cessaire de classer les fabriques d'après le nombre des ou
vrier s, la nature de la force motrice et le volume de la produc
tion. Cela est particulièrement indispensable d’un, point
de vue purement théorique pour étudier l’état et le déve
loppement de l’industrie, pour dégager des matériaux
dont on dispose des données relativement valables et éli
miner celles qui ne le sont guère. L’absence d’une telle
classification (indispensable à l'intérieur des groupes ter
ritoriaux et des groupes d’industries ) est le défaut essen
tiel de nos publications statistiques actuelles sur les fa
briques et les usines, qui ne permettent de déterminer
que des « moyennes », souvent entièrement fictives et con
duisant à de grossières erreurs. Enfin, le classement d’a
près tous ces indices no doit pas se limiter à préciser le
nombre des établissements dans chaque groupe (et dans
chaque sous-groupe), mais doit absolument s’accompa
gner du calcul, pour chaque section, du nombre des ou
vriers et de la valeur de la production, tant dans les établis
sements utilisant la force motrice de la vapeur que dans
ceux où l’on travaille à la main, etc. En d’autres termes,
en dehors des tableaux de groupes il faut aussi des tableaux
synoptiques.

On aurait tort de penser qu’un semblable dépouillement
exigerait un énorme travail. L*es bureaux des statistiques
des zemstvos, avec leur budget modeste et leur personnel
réduit, s’acquittent d’un labeur beaucoup plus compliqué
dans chaque district : ils établissent 20 000, 30 000 ou
40 000 fiches (or, le nombre des entreprises relativement
importantes, du type « fabrique et usine», de la Russie
tout entière ne serait vraisemblablement supérieur à 15
16 000) ; ajoutez que les renseignements portés sur chaque