Volume 04 pages 40-41
complets, à ce qu’on envoie les questionnaires dans tous
les centres industriels tant soit peu importants, qu’elle ne
laisse pas passer accidentellement des données disparates et
ne tolère pas d’applications et d’interprétations différen
tes du formulaire. Le second défaut fondamental du sys
tème actuel est que le mode de collectage des renseigne
ments n’est absolument pas au point. Si un tel formulai
re est élaboré dans les bureaux sans être soumis à la critique
des spécialistes et (ce qui est particulièrement important)
sans être largement discuté dans la presse, les données
ne pourront jamais être tant soit peu complètes et de même
nature. Nous avons vu, par exemple, à quel point la question
essentielle — qu’est-ce qu’une « fabrique » ou une « usi
ne »? — est mal résolue à l’heure actuelle. En l’absence
de recensements industriels et avec un système consis
tant à recueillir les renseignements auprès des industriels
eux-mêmes (par l’intermédiaire de la police, de l’inspec
tion des fabriques, etc.), la notion de « fabrique et d’usi
ne » doit nécessairement être définie avec une précision
rigoureuse et limitée aux seuls établissements assez im
portants pour qu’on puisse espérer les recenser toujours
et partout, sans omissions. Les éléments majeurs de la dé
finition actuellement admise pour les « établissements
nommés fabriques et usines » semblent avoir été assez bien
choisis : 1° au moins 15 ouvriers à Vintérieur de réta
blissement (étant entendu qu’il reste à préciser la distinction
entre les ouvriers auxiliaires et les ouvriers de fabrique
et d’usine au sens propre du terme, la fixation du nombre
moyen des ouvriers dans l’année, etc.), et 2° la présence
d’un moteur à vapeur (fût-ce avec un nombre d’ouvriers
inférieur à 15). Par malheur, à ces indices on en a ajouté
d’autres, tout à fait indéterminés, alors que l’élargissement
de cette définition requiert une extrême prudence. Si, par
exemple, on ne peut laisser de côté les plus gros établis
sements pourvus d’un moteur hydraulique, il faut indi
quer avec la plus grande précision quelles entreprises de
ce genre au juste doivent être recensées (puissance mini
mum du moteur, ou nombre minimum d’ouvriers, etc.). Si,
pour certaines industries, on estime indispensable de recen
ser aussi des établissements plus petits, il faut énumérer
ces branches avec une précision non moins grande et donner
d’autres indices permettant de définir clairement la notion
de «fabrique ou d’usine». Les branches de la production où
les «fabriques ou usines» se confondent avec les établisse
ments «artisanaux» ou «agricoles» (industrie du feutre, bri
queteries, tanneries, moulins, huileries et beaucoup d’autres)
doivent faire l’objet d’une attention toute spéciale. Nous
pensons que les deux indices qu’on vient de mentionner ne
doivent en aucun cas être élargis, parce qu’avec le système
actuellement employé pour recueillir les renseignements, il
est douteux que même ces établissements relativement im
portants puissent être enregistrés sans aucune omission. Et
une transformation de ce système peut sa traduire, soit par
des modifications partielles et ne touchant à rien d’essen
tiel, soit par l’introduction de recensements industriels in
tégraux. En ce qui concerne l’étendue des renseignements,
autrement dit le nombre des questions posées aux indus
triels, il convient ici également d’établir une différence ra
dicale entre le recensement industriel et la statistique du
type actuel. C’est seulement dans le premier cas qu’il est
possible et nécessaire de viser à obtenir des indications com
plètes (question sur l’historique de l’établissement, ses rap
ports avec les entreprises et la population des alentours,
l ’aspect commercial de l’affaire, les matières premières et
les matériaux auxiliaires, la quantité et le genre de la
production, les salaires, la longueur de la journée de
travail, les équipes, le travail de nuit et les heures sup
plémentaires, etc., etc.). Dans le second cas, il importe de
se montrer très prudent : mieux vaut recevoir peu de don
nées relativement dignes de foi, complètes et de même
nature, que d’abondants renseignements fragmentaires,
douteux et impossibles à comparer. Le seul point absolu
ment indispensable concernej l'outillage^ et la quantité
des articles fabriqués.
En disant que notre statistique des fabriques et des usines
n’est absolument pas satisfaisante, nous ne prétendons
nullement que ses données ne méritent pas d’être exami
nées ni élaborées. Bien au contraire. Nous avons analysé
en détail les défauts du système actuel afin de souligner
la nécessité d’une interprétation particulièrement minu
tieuse des chiffres. Le but principal et essentiel de cette
mise en œuvre doit être de séparer l’ivraie du bon grain,