☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 30-31

absolue à s’orienter dans les chiffres fournis par des sources
différentes.

Citant le nombre des fabriques par sections (groupes
d’industries) et calculant les pourcentages par rapport au
chiffre total, M. Karychev perd de vue, une fois de plus,
que dans les diverses sections l’importance des petits établis
sements n’est pas la même (par exemple, dans les industries
textile et métallurgique, ils sont moins nombreux que par
tout ailleurs, soit environ 1/3 pour la Russie d’Europe ;
tandis que, dans l’industrie traitant les produits de l’éle
vage et les produits alimentaires, ils représentent les 2/3 du
total). Il s’ensuit qu’il compare des grandeurs disparates et
que ses calculs de pourcentage (p. 8) sont complètement
dénués de sens. Bref, dans la question du nombre des
« fabriques »> et do leur répartition géographique, M. Ka
rychev a manifesté une incompréhension pleine et entière
du caractère des chiffres dont il se sert et du degré de con
fiance à leur accorder.

Passant au nombre des ouvriers, nous devons dire avant
tout que les chiffres globaux, concernant ces derniers dans
notre statistique des fabriques et des usines, sont beaucoup
plus dignes de foi que les chiffres indiqués pour les fabri
ques. Evidemment, il y a encore ici pas mal de confusion,
et aussi des chiffres omis ou minimisés. Mais les données
sont moins disparates ; le flottement excessif du nombre
des petits établissements, tantôt inclus, tantôt exclus,
dans celui des fabriques, se reflète très peu sur le chiffre
global des ouvriers, pour cette simple raison que meme un
pourcentage considérable de très petits établissements ne
représente qu’un faible pourcentage du nombre total des
ouvriers. Nous avons vu ci-dessus que, pour 1894-95,
1 468 fabriques (10% du nombre total) concentrent 74% des
ouvriers. Le nombre des petites fabriques (employant moins
de 16 ouvriers) est de 7 919 sur 14 578, soit plus de la moitié,
mais' leur personnel ouvrier atteint approximativement
(même si l’on compte en moyenne 8 ouvriers par établisse
ment) environ 7%. C’est ce qui fait qu’avec des variations
énormes dans le nombre des fabriques pour 1890 (d’après
V Index) et pour 1894-95, celles du nombre des ouvriers
sont insignifiantes : en 1890, ils étaient 875 764 dans les 50
provinces de la Russie d’Europe, et, en 1894-95, 885 555

(nous no comptons que les ouvriers dans les entreprises).

En retranchant du premier chiffre les ouvriers des lamine
ries do rails (24 445) et des sauneries (3 704), qui ne figurent
pas dans la Liste, et du second chiffre les ouvriers des im
primeries (16 521), qui sont exclus de V Index. on obtient
847 615 ouvriers pour 1890, et 869 034 pour 1894-95, soit
une augmentation do 2,5%. Il va de soi que ce pourcentage
ne peut traduire l’accroissement réel, vu qu’en 1894-95
on a éliminé beaucoup de petits établissements ; mais d’une
façon générale, la similitude de ces chiffres montre que les
données d’ensemble sur la totalité des ouvriers sont relati
vement valables et qu’on peut relativement s’y fier. M. Ka
rychev, à qui nous avons emprunté le chiffre total des ou
vriers, n’indique pas avec précision les branches de production
enregistrées en 1894-95 par rapport aux publications an
térieures, et ne signale pas l’omission dans la Liste de
beaucoup d’établissements considérés auparavant comme des
fabriques. Pour ses comparaisons avec le passé, il utilise
toujours les memes données absurdes du Recueil statistique
militaire et répète les mêmes inepties sur la prétendue
réduction du nombre des ouvriers par rapport à la popula
tion, inepties déjà réfutées par M. Tougan-Baranovski (voir
ci-dessus). Vu que les renseignements relatifs au nombre
des ouvriers sont plus dignes de foi, ils méritaient d’être
pouillés plus soigneusement que ceux touchant le nombre
des fabriques, mais c’est le contraire qui s’est produit avec
M. Karychev. Il no groupe même pas les fabriques d’après
le nombre des ouvriers, ce qui serait nécessaire au premier
chef, puisque la Liste considère le nombre des ouvriers com
me un indice essentiel d’une fabrique. D’après les chilfres
indiqués par nous ci-dessus, on voit que la concentration
des ouvriers est considérable.

Au lieu de grouper les fabriques suivant le personnel
ouvrier, M. Karychev s’est livré à des calculs plus simples,
tendant à déterminer le nombre moyen d’ouvriers par
fabrique. Comme les renseignements sur le nombre des fa
briques, ainsi que nous l’avons vu, sont particulièrement
sujets à caution, fortuits et disparates, tous ces calculs four
millent d’erreurs. M. Karychev compare le nombre moyen
des ouvriers par fabrique en 1886 et en 1894-95, et en
déduit que « les fabriques du type moyen s’agrandissent »