☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 28-29

Selon Y Index (pour 1890), c’était le contraire : 16 usines
dans la province de Vladimir et 61 dans celle du Don. Il
apparaît que dans la première province, d’après la Liste,
5 usines seulement sur 96 emploient 16 ouvriers et plus, et
dans la seconde, 26 (sur 31). De toute évidence, cela s’ex
plique simplement par le fait que, dans la région du
Don, on n’a pas compté les petites briqueteries parmi les
« usines » aussi généreusement que dans celle de Vladi
mir, et voilà tout (on travaille à la main dans toutes les
petites briqueteries de la province de Vladimir). M. Ka
rycbev ne voit rien de tout cela (p. 14). A propos de la sec
tion X (traitement des produits de l’élevage), il dit que, dans
l’écrasante majorité des provinces, les établissements ne
sont pas nombreux, mais que « celle de Nijni-Novgorod
tranche nettement sur les autres avec ses 252 fabriques »
(p. 14). Cela provient principalement de ce que, dans cette
province, on a compté un très grand nombre de petites entre
prises où l’on travaille à la main (parfois avec la force mo
trice fournie par un cheval ou par le vent), alors qu’ou les
a négligées dans les autres. Par exemple, dans la province
de Moguilev, la Liste cite seulement 2 fabriques se rapportant
à cette section ; chacune d’elles emploie plus do 15 ouvriers.

Mais les petites usines traitant les produits do l’élevage au
raient pu aussi être dénombrées par dizaines dans la province
de Moguilev, comme l’a fait Y Index pour 1890, en y rele
vant 99 usines de cette catégorie. On se demande alors quel
sens ont les calculs de M. Karychev sur les pourcentages
de répartition de a fabriques » comprises de façon si dif
férente.
Pour montrer plus concrètement les diverses manières
de comprendre le terme de a fabrique » dans les différentes
provinces, prenons deux provinces voisines : celles de Vla
dimir et de Kostroma. Dans la première, selon la Liste, il
y a 993 « fabriques », dans la seconde 165. Dans la province
de Vladimir, toutes les branches de production (ou sections)
comprennent de tout petits établissements qui par leur nom
bre écrasent les gros (seuls 324 établissements emploient
16 ouvriers ou plus). Dans la province de Kostroma, il y a
très peu de petits établissements (112 fabriques sur 165
emploient 16 ouvriers ou plus), bien que chacun comprenne
qu’on pourrait y compter aùssi bon nombre de moulins à

vent, d’huileries, de petites féculeries, briqueteries, distil
leries de goudron, etc., etc. *
L’insouciance de M. Karychev quant à l’authenticité
des chillres qu’il utilise arrive à son comble lorsqu’il com
pare les nombres des « fabriques » par province, pour 1894-95
(d’après la Liste) et pour 1885 (d’après \q Recueil). Il déclare
le plus sérieusement du monde que le nombre des fabriques
a augmenté dans la province de Viatka, qu’il a « considé
rablement diminué » dans celle de Perm, qu’il a augmen
de façon substantielle dans celle de Vladimir, etc. (pp. 6-7).

« Et en cela on peut voir, conclut sentencieusement notre
auteur, que la diminution du nombre des fabriques sur
laquelle nous avons attiré l’attention touche moins les con
trées ayant une industrie plus développée, plus ancienne,
que celles où elle est plus jeune » (p. 7.). Une telle conclu
sion rend un son tout à fait « savant » ; dommage seulement
qu’elle soit parfaitement absurde. Les chillres utilisés par
M. Karychev sont le produit du plus pur hasard. Par exem
ple, dans la province de Perm, le nombre dos « fabriques »
entre 1885 et 1890 était respectivement, d’après le Recueil,
de 1 001, 895, 951, 846, 917 et 1 002, après quoi il est brus
quement tombé à 585 en 1891. Une des causes de ces bonds
est que l’on compte parmi les « fabriques », tantôt 469
moulins (1890), tantôt 229 (1891). Si la Liste ne totalise
dans cette province que 362 fabriques, il ne faut pas oublier
qu’elle n’inclut que 66 moulins. Si, dans la province de Vla
dimir, le nombre des « fabriques » a augmenté, il faut se
rappeler que la Liste y a recensé de petits établissements.

Dans la province de Viatka, le Recueil a enregistré entre
1887 et 1892 1, 2, 2, 30, 28 et 25 moulins respectivement,
et la Liste, 116. Bref, la comparaison entreprise par M. Ka
rychev ne fait que souligner tant et plus son inaptitude
* Voici encore un exemple montrant comment le nombre des
« fabriques » est fixé arbitrairement dans notre système « moderne »
de statistique. Pour 1894-95, la Liste enregistre dans la province
de Kherson 471 fabriques (M. Karychev, ouv. cité. p. 5), alors que,
pour 1896, M. Mikouline compte soudain 1 249 « établissements du
type fabrique et usine » (ouv. cité, p. XIII), dont 773 munis d’un
moteur mécanique et 109 sans moteur mécanique, avec un nombre
d’ouvriers dépassant la quinzaine. Tant que la notion de « fabrique »
ne sera pas claire, de tels bonds seront toujours inévitables.