☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 12-13

beaucoup plus détaillé, et les inspecteurs de fabrique sont
chargés de rassembler et de contrôler les statistiques sur
les fabriques et les usines. Au premier abord, on pourrait
s’attendre maintenant à des données vraiment acceptables,
car un formulaire convenablement établi et la garantie
qu’elles seront vérifiées sont les deux principales conditions
de réussite en matière de statistique. Mais, en fait, c’est le
même état de chaos primitif qu’auparavant. Le formulaire
détaillé avec explications n’est pas reproduit dans l’« Intro
duction » à la Liste, bien que la méthode statistique exi
ge la publication du formulaire qui a servi à recueillir les
renseignements. L’examen qui va suivre des matériaux
fournis par la Liste nous montrera que les questions essen
tielles de la statistique des fabriques et des usines ne sont
aucunement tirées au clair. En ce qui concerne la vérifi
cation des données, voici l’opinion d’une personne qui
s’en est effectivement occupée, à savoir l’inspecteur
en chef des fabriques pour la province de Kherson,
M. Mikouline, auteur d’un livre qui analyse les statistiques
recueillies d’après le nouveau système dans la province
de Kherson.

« La vérification effective de tous les chiffres fournis
par les propriétaires des établissements industriels dans
les états transmis par eux s'étant révélée impossible, ceux-ci
ont été renvoyés pour rectification seulement dans les
cas où les réponses étaient en désaccord flagrant avec les
données indiquées par d’autres entreprises semblables ou
des renseignements obtenus lors des inspections. En tout
cas, la responsabilité quant à Vexactitude des chiffres cités
dans les états de chaque établissement incombe aux personnes
qui les ont communiqués. » (£’Industrie usinière et l'industrie
artisanale dans la province de Kherson. Odessa 1897, préface.

Souligné par nous.) Ainsi, la responsabilité pour l’exacti
tude des données incombe comme autrefois aux fabricants
eux-mêmes. Non seulement les inspecteurs des fabriques
n’ont pas pu vérifier tous les chiffres, mais ils n’ont même
pas rendu possible (comme nous le verrons par la suite)
la comparaison des données] similaires.

Nous passerons en revue ci-après tous les défauts de
Liste et des matériaux qu’elle fournit. L’essentiel, comme
nous l’avons déjà dit, c’est l’absence complète de résultats

d’ensemble (les auteurs de ['Index dressaient des bilans et
les complétaient à chaque édition). M. Karychev, qui béné
ficiait du concours de deux collaborateurs, a eu l’heureuse
idée de combler au moins en partie cette lacune, et d’établir
le bilan de notre industrie usinière d’après la Liste. Cette
entreprise est très utile et tout le monde lui saurait gré de
l’avoir menée à bien si..., si M. Karychev avait, primo,
cité complètement ne fût-ce que certains des résultats d’en
semble obtenus par lui, et, secundo, s’il n’avait pas mani
festé dans sa méthode d’interprétation des matériaux un
manque d’esprit critique qui frise le sans-gêne. Les traitant
à la légère et ne les ayant pas dépouillés tant soit peu «
rieusement » *, M. Karychev s’est hâté d’en tirer des
« conclusions », commettant ainsi, naturellement, toute une
série d’erreurs des plus curieuses.

Commençons tout d’abord par la question fondamentale
en matière de statistique industrielle : quels établisse
ments convient-il de classer parmi les « fabriques et usi
nes » ? M. Karychev ne la pose même pas ; il estime sans
doute que « fabrique et usine », c’est quelque chose de par
faitement défini. Parlant de la Liste, il soutient, avec une
hardiesse digne d’un meilleur sort, que cette publication,
différente en cola des précédentes, recense non seulement
les grosses fabriques, mais toutes les fabriques. Cette affirma
tion répétée à deux reprises (pp. 23 et 34) est nettement er
ronée. En réalité, c’est tout le contraire : la Liste enregistre
seulement les plus gros établissements, à la différence des
publications statistiques antérieures. Nous expliquerons
tout à l’heure comment M. Karychev a pu « ne pas remar
quer » pareille « vétille », mais nous commencerons par
une référence historique. Jusque vers 1885, il n’existait
dans notre statistique des fabriques et des usines aucune
définition et aucune règle limitant la notion de fabrique
aux plus grandes entreprises industrielles. La statistique
des « fabriques et usines » comprenait pêle-mêle les établis
* Contrairement à l’opinion de l’auteur du compte rendu paru
dans les Rousskié Viêdomosti (1898, n° 144), qui est visiblement
aussi peu capable d’adopter une attitude critique à l’égard des
conclusions de M. Karychev que M. Karychev lub-même à l’égard
des chiffres fournis par la Liste.