☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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Page 437 · vol. 4

LE PARTI OUVRIER ET LA PAYSANNERIE147
Quarante ans se sont écoulés depuis l’émancipation des
paysans. Il est tout à lait naturel que notre société
fête avec un enthousiasme bien particulier la journée du
19 lévrier, date où s’ellondra la vieille Russie du servage
et où s’ouvrit une époque qui promettait au peuple la li
berté et le bien-être. Mais il ne iaut pas oublier que les
discours louangeurs prononcés à cette occasion contiennent,
en même temps qu’une haine sincère du servage et de toutes
ses manifestations, infiniment d’hypocrisie. Hypocrite et
mensongère de bout en bout est cette définition, devenue
courante chez nous, de la « grande » réforme : « la libé
ration des paysans, accompagnée de l’attribution d’un lot
de terre racheté avec l'aide de l’Etat ». En réalité, le paysan
a été « libéré » de sa terre, puisque, sur les lots que les pay
sans possédaient depuis des siècles, d’énormes prélèvements
furent opérés, tandis que des centaines de milliers de pay
sans étaient complètement privés de terre, — réduits à
un quart de lot ou lot de mendiant148. En réalité, les pay
sans lurent spoliés doublement : non seulement on a rogné
leurs terres, mais on les a obligés à « racheter » celles qu’on
leur laissait et dont ils avaient toujours eu la jouissance,
et cela à un prix de rachat de beaucoup supérieur à la valeur
réelle. Dix ans après l’abolition du servage, les grands
propriétaires fonciers ont eux-mêmes avoué aux fonction
naires du gouvernement qui étudiaient l’état de l’agricul
ture qu’on avait fait payer aux paysans non seulement leur.

terre, mais leur liberté. Et bien qu’on leur eût tait payer