☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 436-437

quillité. Les ouvriers doivent déclarer et expliquer publi
quement aux masses que c’est un mensonge, que le véritable
foyer de violence, d’excès et de débordements, c’est le gou
vernement autocratique russe lui-même, l’arbitraire de la
police et des fonctionnaires.

Quant à savoir comment organiser la protestation, c’est
aux organisations social-démocrates locales et aux groupes
ouvriers locaux d’en décider. La distribution, la dillusion,
l’affichage de tracts, la convocation d’assemblées où seront
invitées, dans la mesure du possible, toutes les classes de la
société, telles sont les formes de protestation les plus ac
cessibles. Mais il serait souhaitable, là où il existe des
organisations solides et fortement assises, qu’on essaye d’or
ganiser une protestation plus large et plus ouvertement af
firmée, sous la forme d’une manilestation publique. Un
excellent exemple nous est fourni par la manilestation
qui eut lieu le 1er décembre de l’an dernier, à Kharkov,
devant la rédaction du loujny Kraï. On célébrait l’anni
versaire de cet infâme journal qui persécute toute aspira
tion à la lumière et à la liberté et exalte toutes les atrocités
de notre gouvernement. La foule qui se rassembla devant
la rédaction déchira solennellement des numéros du louj
ny Krdi, les attacha à la queue des chevaux, s’en servit
pour envelopper des chiens, lança contre les vitres des pier
res et des boules puantes, le tout au cri do : « A bas la
presse vendue ! ». Voilà bien comment méritent d’être
fêtées, non seulement les rédactions des journaux vénaux,
mais encore toutes nos administrations gouvernementales.

Si elles ne célèbrent que rarement l’anniversaire d’une
largesse des autorités, elles méritent toujours l’anniver
saire d’un règlement de compte de la part du peuple. Tout
acte d’arbitraire ou de violence de la part du gouvernement
est un motif légitime pour une manifestation de ce genre.

Que la déclaration publique du gouvernement au sujet de
la répression contre les étudiants ne reste pas sans une
ponse publique de la part du peuple !

Rédigé en janvier 1901
Publié au février 1901 dans le n° 2
de l't Ishra »
Conforme au texte de l’ « I skra »

LE PARTI OUVRIER ET LA PAYSANNERIE147
Quarante ans se sont écoulés depuis l’émancipation des
paysans. Il est tout à lait naturel que notre société
fête avec un enthousiasme bien particulier la journée du
19 lévrier, date où s’ellondra la vieille Russie du servage
et où s’ouvrit une époque qui promettait au peuple la li
berté et le bien-être. Mais il ne iaut pas oublier que les
discours louangeurs prononcés à cette occasion contiennent,
en même temps qu’une haine sincère du servage et de toutes
ses manifestations, infiniment d’hypocrisie. Hypocrite et
mensongère de bout en bout est cette définition, devenue
courante chez nous, de la « grande » réforme : « la libé
ration des paysans, accompagnée de l’attribution d’un lot
de terre racheté avec l'aide de l’Etat ». En réalité, le paysan
a été « libéré » de sa terre, puisque, sur les lots que les pay
sans possédaient depuis des siècles, d’énormes prélèvements
furent opérés, tandis que des centaines de milliers de pay
sans étaient complètement privés de terre, — réduits à
un quart de lot ou lot de mendiant148. En réalité, les pay
sans lurent spoliés doublement : non seulement on a rogné
leurs terres, mais on les a obligés à « racheter » celles qu’on
leur laissait et dont ils avaient toujours eu la jouissance,
et cela à un prix de rachat de beaucoup supérieur à la valeur
réelle. Dix ans après l’abolition du servage, les grands
propriétaires fonciers ont eux-mêmes avoué aux fonction
naires du gouvernement qui étudiaient l’état de l’agricul
ture qu’on avait fait payer aux paysans non seulement leur.

terre, mais leur liberté. Et bien qu’on leur eût tait payer