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Tout au contraire, il sera donné au XXe siècle de la voir
véritablement réalisée.
Cette nouvelle rigueur, nouvelle par sa prétention de
ressusciter un passé depuis longtemps révolu, inspire maintes
réllexions et comparaisons. Il y a trois générations environ,
du temps de Nicolas Ier, l’enrôlement lorcé était une puni
tion toute naturelle, correspondant parfaitement au régime
de servage qui était celui de la Russie. En contrepartie des
franchises de la noblesse, on envoyait les jeunes nobles à
l’armée pour les y obliger à servir et conquérir un grade
d’ollicier. Le paysan était envoyé à l’armée comme à de lon
gues années de bagne où l’attendaient les supplices inhu
mains de « la rue verte »u5, et d’autres semblables. Mais
voilà plus d’un quart de siècle qu’existe chez nous le ser
vice militaire obligatoire « pour tous », dont l’introduction
a été gloriliée en son temps comme une grande réforme
démocratique. Le service militaire pour tous, non seulement
sur le papier, mais dans les faits, est incontestablement
une réforme démocratique, qui rompt avec le système des
castes et assure l’égalité des droits entre les citoyens. Mais
s’il en était vraiment ainsi, comment l’envoi à l’armée
pourrait-il être considéré comme une punition ? Et si le
gouvernement fait du service militaire une punition, ne
prouve-t-il pas du même coup que nous sommes bien plus
près de l’ancien système de recrutement que du service
militaire pour tous ? Le Règlement provisoire de 1899 ar
rache le masque d’hypocrisie et met à nu le caractère asia
tique même de celles de nos institutions qui ressemblent
le plus aux institutions européennes. Au fond, nous n’avons
jamais eu et n’avons pas encore de service militaire pour
tous, car les privilèges de la naissance et de la fortune
créent une foule d’exceptions. Au fond, nous n’avons ja
mais eu et nous n’avons rien qui ressemble à l’égalité des
citoyens devant le service militaire. Au contraire, la caserne
est empreinte du plus révoltant esprit de servitude. Le
soldat ouvrier ou paysan est absolument sans défense, sa
dignité humaine est foulée aux pieds. Il est volé, il est
battu, battu, battu. Mais ceux qui ont des relations influen
tes ou de l’argent bénéficient d’avantages et d’exemptions.
Rien d'étonnant à ce que l’envoi dans cette école de l’ar
bitraire et de la violence puisse être une punition et même
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