☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 428-429

Ainsi, il s’intéresse déjà infiniment moins aux sociétés
privées qui ne poursuivent pas le but moralement si res
pectable et politiquement si inoffensif du lucre (à moins
qu’on ne considère comme une manifestation d’intérêt la
tendance à entraver, à interdire, à fermer, etc.). Pendant
1’«exercice » considéré — l’auteur de ces lignes est fonction
naire et espère, en conséquence, que le lecteur lui pardonnera
d’user de termes bureaucratiques — ont été approuvés les
statuts de deux sociétés (la société de secours aux écoliers
nécessiteux du lycée de garçons de Vladicaucase et la so
ciété de promenades et excursions guidées et commentées
de Vladicaucase) et a été très gracieusement autorisée la
modification des statuts de trois autres (la caisse d’épargne
et de prêt et la caisse de secours des ouvriers et employés
des usines de Ludinovo et de Soukreml et du chemin de
fer de Maltsev ; la première société de planteurs de houblon ;
la société de bienfaisance pour l’encouragement du travail
des femmes), cinquante-cinq textes concernant les sociétés
commerciales et industrielles et cinq pour toutes les autres.

Dans la sphère des intérêts commerciaux et industriels,
«nous» tâchons de rester à la hauteur de la situation, do
faire tout ce qui est possible pour faciliter les associations
entre négociants et industriels (nous tâchons, mais nous
n’y arrivons pas, car la lourdeur de la machine et la paperas
serie sans bornes limitent très étroitement le « possible »
dans un Etat policier). Mais, en ce qui concerne les associa
tions non commerciales, nous sommes par principe pour
l’homéopathie. Une société de planteurs de houblon ou
d’encouragement du travail des femmes, passe encore ! Mais
des promenades guidées et commentées... Dieu sait de
quoi on peut parler au cours de ces promenades, et la surveil
lance vigilante de l’inspection académique n’en sera-t-elle
pas rendue plus difficile ? Non, voyez-vous, il ne faut pas
jouer avec le feu.

Les écoles. On en a fondé trois, ni plus ni moins. Et quel
les écoles ! Une école élémentaire de bouviers dans le do
maine de Son Altesse Impériale le grand-duc Pierre Niko
laïévitch, au village de Blagodatnoïé. Que les villages appar
tenant aux grands-ducs doivent tous être bénis *, je n’en
♦ Blagodatnoïé signifie .« béni ». (N.R.)

doutais plus depuis longtemps. Mais à présent je ne doute
pas non plus que même les plus hauts personnages puissent
sincèrement et de tout cœur s’intéresser à l’instruction des
pauvres gens et se passionner pour cette œuvre. Sont ap
prouvés ensuite les statuts des ateliers d’apprentissage de
Dergatchi et de l’école primaire agricole d’Assanovo. Dom
mage que nous n’ayons sous la main aucun répertoire
qui puisse nous dire si ces villages bénis appartiennent eux
aussi à quelques grands personnages, pour qu’on y favorise
avec tant d’énergie l’instruction publique et... la gran
de propriété foncière. Je m’en console d’ailleurs on pen
sant que ce genre de recherches n’entre pas dans les fonc
tions d’un statisticien.

Et voilà tous les actes législatifs qui expriment « la
sollicitude du gouvernement pour le peuple ». J’ai effectué
mon groupement, comme vous le voyez, en mettant les
choses au mieux. Pourquoi, par exemple, une société de
planteurs de houblon ne serait-elle pas une société commer
ciale ? Uniquement parce que, peut-être, on y parle par
fois d’autre chose que de commerce ? Ou bien une école
de bouviers, qui sait au fond si c’est bien une école ou tout
simplement un centre d’élevage moderne ?

Reste le dernier groupe d’actes législatifs, ceux qui ex
priment la sollicitude du gouvernement pour lui-même. 11
comprend trois fois plus de texte (22) que nos deux précé
dentes rubriques. A savoir, une série de réformes adminis
tratives plus radicales les unes que les autres : changement
de nom de la localité de Platonovskoïé et Nikolaïevskoïé ;
modification de statuts, états du personnel, règlements,
listes, heures des séances (pour certaines assemblées de dis
trict), etc. ; relèvement du traitement des sages-femmes at
tachées aux corps de troupes de la région militaire du Cau
case ; fixation des sommes allouées pour le ferrage , et le
traitement vétérinaire des chevaux d’armes des troupes
cosaques ; modification des statuts de l’école privée de
commerce de Moscou ; règlement concernant une bourse à
décerner en mémoire du conseiller aulique Daniel Samouïlo
vitch Poliakov à l’école de commerce de Kozlov. Je ne
sais d’ailleurs si je classe comme il convient ces derniers
textes : expr>ment-ils effectivement la sollicitude du gou
vernement pour lui-même ou bien pour les intérêts commet-