Volume 04 pages 430-431
ciaux et industriels? Je prie le lecteur d’être indulgent et
de bien vouloir considérer que c’est là le premier essai d’une
statistique des lois; jusqu’à ce jour, personne n’avait ten
té d’élever ce domaine de la connaissance au niveau d’une
science exacte, personne, pas même les professeurs de droit
constitutionnel russe.
Enfin, il est un acte législatif qui doit être classé à part,
dans un groupe indépendant, tant par son contenu que par
ce qu’il constitue la première disposition du gouvernement
à l’aube du nouveau siècle ; c’est celui qui porte sur l’« aug
mentation des étendues forestières destinées au dévelop
pement et à l’amélioration des chasses impériales ». Grand
début, digne d’une grande puissance !
Reste maintenant à effectuer un bilan récapitulatif, com
me en toute bonne statistique.
Une cinquantaine de textes législatifs et de dispositions
consacrés à des compagnies et entreprises commerciales et
industrielles ; une vingtaine de changements de nom et de
réformes administratives ; deux créations et trois transforma
tions de sociétés ; trois écoles destinées à fournir des em
ployés aux grands propriétaires fonciers ; six agents et deux
sous-officiers de police montée affectés à des usines. Qui
doutera qu’une activité législative et administrative aussi
riche et aussi variée garantisse à notre patrie un progrès
rapide et constant au cours du XXe siècle ?
ENROLEMENT FORCE DE 183 ETUDIANTS *
Le 11 janvier, les journaux ont publié un communiqué
gouvernemental émanant du ministère de l’instruction pu
blique sur l’enrôlement forcé de 183 étudiants de l’université
de Kiev « pour avoir de connivence fomenté des désordres ».
Le Règlement provisoire du 29 juillet 1899 — cette menace
suspendue sur les étudiants et la société — est appliqué
moins de dix-huit mois après sa promulgation, et le gou
vernement semble se hâter de justifier l’application d’une
mesure de répression inouïe en présentant tout un acte
d’accusation où les couleurs ne sont pas ménagées pour
dépeindre les méfaits des étudiants.
Ces méfaits sont plus épouvantables les uns que les
autres. Il s’est tenu l’été dernier, à Odessa, un congrès
général des étudiants qui entendait organiser tous les étu
diants de Russie pour susciter des protestations de toutes
sortes à propos de divers événements de la vie académique,
sociale et politique. Ces desseins politiques criminels ont
valu à tous les étudiants délégués d’être arrêtés, leurs pa
piers ont été confisqués. Mais l’effervescence, loin de se
calmer, ne fait que croître ; elle se fait sentir avec insis
tance dans beaucoup d’établissements d’enseignement supé
rieur. Les étudiants veulent pouvoir examiner et gérer en
toute liberté et en toute indépendance leurs affaires com
munes. Mais l’administration, avec ce formalisme sans
âme qui a de tout temps caractérisé la bureaucratie russe,
répond par de mesquines vexations, pousse le mécontente
ment à son comble et conduit involontairement les esprits
♦ Le numéro était déjà mis en pages quand parut le communiqué
du gouvernement.