☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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du produit, il y a eu diminution de qualité, et il est dou
teux que le gouvernement arrive à en imposer tellement au
public avec des communiqués comme celui dont la presse
s’est fait dernièrement l’écho sur les bons effets de la «
gustation » de la nouvelle « eau-de-vie d’Etat ». Au lieu
d’une diminution de l’ivrognerie, ç’a été l’augmentation
du nombre des débits clandestins, celle des revenus qu’en
tire la police, l’ouverture de débits officiels à l’encontre de
la population qui demandait tout le contraire *, une recru
descence des cas d’ivresse sur la voie publique Et sur
tout, quelle gigantesque carrière nouvellement ouverte au
bon plaisir et à l’arbitraire, à la servilité et aux malversa
tions de la bureaucratie, que cette nouvelle entreprise de
la richissime administration du Trésor, que toute cette
armée de nouveaux fonctionnaires ! C’est une véritable in
vasion de sauterelles bureaucratiques arrivant par nuées
entières, flattant, intriguant, pillant, usant encore et encore
des océans d’encre et des montagnes de papier. Le projet
d’Orel n’est qu’une tentative pour revêtir de formes légales
le désir de piquer des morceaux plus ou moins gras dans
l’assiette au beurre du Trésor, désir qui s’empare de nos
provinces et menace fatalement le pays — vu l’omnipo
tence des bureaux et l’impossibilité où est l’opinion publi
que de faire entendre sa voix — d’une nouvelle recrudescence
* Par exemple, les journaux annonçaient dernièrement que, dans
la province d’Arkhangelsk, certains villages avaient, dès 1899, adopté
des résolutions contre l’ouverture chez eux de débits de boisson. Le
gouvernement, qui y introduit précisément le monopole à l’heure
actuelle, a répondu naturellement par un refus : sans doute par solli
citude pour la sobriété du peuple !

♦♦ Sans parler de la quantité d’argent que le monopole de l’Etat
a fait perdre aux sociétés paysannes. Jadis, elles prélevaient un droit
sur les tenanciers de débits. Le Trésor public leur a enlevé cette sour
ce de revenus, sans leur allouer en échange un copcck d’indemnité !

Dans son intéressant ouvrage Das hungernde Russland (Reiseeindiücke,
Beobachtungen und Untcrsuchungen. Von C. Lehmann und Parons.

Stuttgart. Dietz Verlag. 1900. (La Russie affamée, Impressions de
voyage, observations et recherches. Par C. Lehmann et Parvus. Stutt
gart, Dietz. 1900. N.R.) Parvus parle très justement à ce propos de
spoliation des caisses des communautés paysannes. Il dit que, d’après
les calculs du zemstvo de la province de Samara, les pertes de toutes
les communautés paysannes de la province, par suite de la mise en
vigueur du monopole des eaux-de-vje, se sont élevées en trois ans
(1895-1897) à 3 150 000 roubles I