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toutes sortes d’entreprises commerciales et industrielles
véreuses, les heures passées dans les antichambres des hauts
personnages de la Cour, grands-ducs, ministres, etc., etc.,
pour se faire octroyer des concessions ou des garanties du
gouvernement en faveur de ces entreprises, pour quémander
des aumônes sous la forme de privilèges pour la Banque
de la noblesse, de primes pour les exportations de sucre,
de lopins (de quelques milliers de déciatines !) de terres
bachkires ou autres, de bonnes et grasses « sinécures », etc.
« L’éthique de la noblesse porte la marque de l’histoi
re, de sa condition sociale »... et aussi celle de l’écurie *,
où les nobles apprenaient à brutaliser et injurier le moujik.
D’ailleurs, l’habitude séculaire du pouvoir a engendré
aussi chez les nobles quelque chose de plus délicat : l’art
de déguiser leurs intérêts d’exploiteurs sous des phrases
ronflantes, destinées à mystifier le « bon peuple » ignorant.
Ecoutez plutôt :
« A quoi bon hâter la marche du temps ? C’est peut
être un préjugé, mais les vieilles traditions ne permet
tent pas d’œuvrer dans ce sens...»
Ces mots de M. Narychkine (homme do bon conseil
qui défendait le point de vue de l’Etat) reflètent un sens
de classe très juste. Bien sûr, craindre les fonctions de rece
veur (ou même de cabaretier) est de nos jours un préjugé,
mais n’est-ce pas grâce aux préjugés de la masse ignorante
des paysans que s’exerce encore l’exploitation éhontée de
ces derniers par les grands propriétaires fonciers dans nos
campagnes ? Les préjugés disparaissent bien assez vite ;
pourquoi donc hâter encore leur disparition en rapprochant
publiquement le noble et le cabaretier, en aidant le paysan
à s’assimiler (ce qu’il a du reste déjà commencé à faire) cette
vérité élémentaire qu’un seigneur terrien noble est tout aus
si usurier, pillard et accapareur que n’importe quel vampire
de village, à cela près qu’il est infiniment plus fort, fort de
ses domaines, de ses privilèges accumulés au cours des siè
cles, de ses relations avec le pouvoir impérial, de son habitude
du pouvoir et de son habileté à dissimuler sa véritable na
♦ C’est à l'écurie que les nobles faisaient fouetter leurs serfs.
(A. R.)