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des hommes d’Etat. D’une part, on est obligé de reconnaître
que la chose est un’peu préjudiciable, mais il faut bien avouer,
d’autre part, qu’elle est avantageuse. Car on peut amas
ser un capital et garder son innocence : le directeur des
contributions indirectes peut procéder à des nominations
même sans caution, et les 40 nobles prévus peuvent recevoir
leurs places à la requête du maréchal de la noblesse de la
province, sans artel ni contrat, autrement il pourrait se
faire que « le ministre de l’intérieur casse la décision afin
d’assurer la bonne marche de l’Etat». Ce sage avis l’au
rait sans doute emporté si le maréchal de la noblesse
n’avait fait deux très importantes déclarations : d’abord,
que le contrat avait déjà été présenté au Conseil du ministre
des Finances, qui l’avait reconnu possible en donnant son
accord de principe ; ensuite, que « ces places ne pouvaient
être obtenues sur simple requête du maréchal do la noblesse
de la province ». Et le rapport fut adopté.
Pauvres romantiques ! Ils ont été battus. Pourtant, com
me ils avaient bien parlé.
« La noblesse n’a toujours fourni jusqu’ici que des diri
geants. Et le rapport propose de former on ne sait quelle
artel. Cela répond-il au passé, au présent et à l’avenir de
la noblesse ? Selon la loi sur les receveurs, en cas do malver
sation de la part du cabarotier, c’est le noble qui devrait
se mettre au comptoir. Plutôt mourir que d’exercer pareille
fonction ! »
Ah, Seigneur ! que de noblesse dans l’être humain !
Plutôt mourir que de se faire marchand de vodka ! Vendre
du blé, voilà une noble occupation, surtout dans les années
de disette, où l’on peut s’engraisser aux dépens des affamés.
Ce qui est plus noble encore, c’est de pratiquer l’usure sur
le blé, de prêter l’hiver aux paysans affamés du blé rembour
sable l’été en travail et d’estimer ce travail trois fois au
dessous du prix ordinaire. Dans cette zone centrale des ter
res noires à laquelle appartient la province d’Orel, nos
grands propriétaires fonciers se sont toujours livrés avec
beaucoup de zèle et se livrent encore à cette archinoble
variété d’usure. Et, pour bien distinguer l’usure noble de
celle qui ne l’est pas, il faut naturellement crier aussi fort
que possible qu’il est indigne, pour un noble, de faire le
cabaretier.