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coups, sévices) qui sera attribuée à l’acte considéré, ni à
la catégorie et à l’espèce de châtiment qu’il entraînera ;
elle s’attache surtout à mettre intégralement en lumière
et à dévoiler publiquement tous les ressorts politiques et
sociaux du crime, ainsi que sa portée, afin de dégager du
jugement les leçons do morale sociale et de politique prati
que. La rue veut voir dans le tribunal non pas une « adminis
tration » dans laquelle des fonctionnaires appliquent à tel
ou tel cas particulier les articles correspondants du Code
pénal, mais une institution publique révélant les plaies du
régime et fournissant des matériaux pour le critiquer et,
par suite, pour le corriger. Sous l’impulsion de la pratique
de la vie sociale et des progrès de la conscience politique,
la rue arrive par intuition à cette vérité à laquelle accède
avec tant de peine et de timidité, à travers ses entra
ves scolastiques, la jurisprudence officielle de nos proles
seurs : à savoir que, pour combattre le crime, il est infini
ment plus important, non pas d’appliquer telles ou telles
peines, mais de changer les institutions sociales et politi
ques. C’est bien pourquoi les publicistes réactionnaires et
le gouvernement réactionnaire haïssent — et ne peuvent
d’ailleurs pas ne pas haïr—le tribunal de la rue. C’est pour
quoi toute l’histoire de la Russie depuis la réforme est
marquée comme d’un fil conducteur par une série de res
trictions apportées à la compétence des cours d’assises et
à la publicité des débats, le caractère réactionnaire de l’é
poque d’« après la réforme» se manifestant dès le lendemain
de l’entrée en vigueur de la loi de 186*4 qui remaniait
notre « appareil judiciaire »*. Précisément dans l’ail aire
en question, l’absence d’un «tribunal de la rue » s’est
fait vivement sentir. Qui aurait pu, au cours du juge
ment qui a eu lieu, s’intéresser au côté social de l’affaire et
* En polémisant dans la presse légale contre les réactionnaires,
les partisans libéraux de la cour d’assises nient souvent catégorique
ment sa portée politique, et s’efforcent do démontrer que ce n’est
nullement pour des raisons politiques qu’ils réclament la participa
tion au tribunal de représentants de la société. Cela peut venir en par
tie, sans doute, de l’inintelligence politique dont souffrent fréquem
ment les juristes, malgré leur spécialisation dans les sciences « politi
ques ». Mais cela s’explique surtout par la nécessité de s’exprimer
dans la langue d’Esope, par l’impossibilité do déclarer ouvertement
ses sympathies pour la Constitution.