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vaincu le mouvement révolutionnaire dos année» 70, il n
déclaré sans vergogne aux représentants de In société qu'il
les considérait comme « la rue », comme la vile populace,
laquelle n’a pas à s’immiscer dans la législation ni
dans l’administration de l’Etat et doit être chassée du hiuic
tuaire où les habitants de la Russie sont jugés et châtiés
selon la méthode de MM. Panov et Clc. En 1887 lut promu!
guée une loi selon laquelle los affaires concernant les crimes
commis par des fonctionnaires ou contre des fonctionnaires
sont soustraites à la compétence des cours d’assises et défé
rées au tribunal des juges de la Couronne assistés de re
présentants des états. Comme on lésait, ces derniers, inté
grés dans le même collège que les juges fonctionnaires, ne
sont que des figurants muets et jouent le triste rôle de té
moins entérinant toutes les décisions qu’il plaît de prendre
aux fonctionnaires du ministère de la Justice. C’est une de
ces lois dont le long cortège traverse toute l’époque réaction
naire moderne de l’histoire russe et qui s’inspirent toutes de
cette seule préoccupation : le rétablissement d’un « pou
voir fort ». Par la lorce des choses, le pouvoir a été con
traint, dans la seconde moitié du XIXe siècle, d’entrer en
contact avec la « rue », mais la composition de cette rue
s’est modifiée avec une rapidité étonnante : un public igno
rant a été remplacé par des citoyens qui commencent à
connaître leurs droits, qui sont capables même de fournir
des champions pour les faire valoir. L’ayant senti, le pouvoir
a fait avec efIroi un bond en arrière et déploie maintenant
des efforts convulsifs pour s’entourer d’une muraille de
Chine, se murer dans une forteresse inaccessible à toute ma
nifestation d’initiative publique ... Mais je me suis un peu
écarté de mon sujet.
Ainsi, par suite d’une loi réactionnaire, la rue a été
écartée des tribunaux qui jugent les représentants du pou
voir. Les fonctionnaires ont été jugés par des fonctionnai
res. Cela s’est reflété non seulement dans la sentence, mais
dans tout le caractère de l’enquête préalable et de l’instruc
tion judiciaire. Ce qui fait la valeur du jugement do la
rue, c’est qu’il apporte un souffle do vio dans cet esprit do
formalisme bureaucratique dont nos administrations sont
imprégnées de part en part. La rue no s’intéresse pas seule
ment, et même pas tant, à la qualification (voies do tait.