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Pour Monsieur l’inspecteur de quartier ... voyons, com
ment ne pas être indulgent ! 11 a accueilli Vozdoukhov qu’ on
lui amenait; il a visiblement ordonné de l’introduire,
non pas dans la chambre d’arrêt, mais d’abord — pour lui
donner une leçon—dans le corps de garde ; il a pris part
avec ses poings et avec un livre (le Recueil des lois, sans
doute) au passage à tabac ; il a donné l’ordre do faire dis
paraître les traces du crime (de laver le sang); il a rendu
compte dans la nuit du 20 avril au commissaire de police
Moukhanov, dès son arrivée, que « tout allait bien dans
son quartier » (textuel !), mais qu’il n’a rien de commun
avec les assassins, il est seulement coupable de voies de
fait, seulement de mauvais traitements, punissables de pri
son. Il est parfaitement naturel que ce M. Panov, ce gen
tleman innocent de tout crime, continue à servir dans la police
et occupe le poste de brigadier de police rurale. M. Panov
n’a fait que transporter sa bienfaisante activité, son ardeur
à «donner des leçons» au peuple, de la ville à la campagne.
Dites-moi en toute conscience, amis lecteurs, le brigadier
Panov peut-il comprendre la sentence do la Chambre au
trement que comme un conseil de mieux cacher à l’avenir
les traces du crime, de « donner des leçons » de telle sorte
qu’il n’y ait pas de traces. Tu as fait laver le sang du visage
du mourant, c’est très bien, mais tu as laissé Vozdoukhov
mourir : cela, mon bon, c’était imprudent ; dorénavant,
sois plus circonspect et enfonce-toi dans la tête ce premier
et dernier commandement de l’argousin russe : « Cogne, mais
sans que mort s’ensuive ! ».
Du point de vue humain, la sentence de la Chambre en
ce qui concerne Panov n’est qu’une parodie de justice ; elle
témoigne d’un souci vraiment servile de faire retomber
toute la faute sur les policiers subalternes et d’innocenter
leur chef direct, avec l’aveu, l’approbation et la partici
pation de qui ont été infligés ces féroces sévices. Du point
de vue juridique, cette sentence est un modèle de la casuis
tique dont sont capables les juges-fonctionnaires qui ne
gnées, où ils peuvent vivre comme des coqs en pâte avec l’argent volé
(les banquiers-voleurs en Sibérie occidentale), et d’où il est facile
de s’échapper à l’étranger (le colonel de gendarmerie Méranville
de Saint-Clair).