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valent guère mieux que notre inspecteur de police lui-même.
La langue a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée,
disent les diplomates. La loi a été donnée pour déna
turer la notion de culpabilité et de responsabilité, peuvent
dire nos juristes. Quel art raffiné de procédurier ne faut-il
pas, en effet, pour ramener la complicité de tortures à de
simples voies do fait! L’ouvrier qui, le matin du 20
avril, a peut-être fait voltiger le bonnet de Vozdoukhov,
est alors coupable du même délit — moins encore : non
pas du même délit, mais de la même « infraction »— que
Panov. Même la simple participation à une rixe (et non au
passage à tabac d’un homme sans défense) entraîne une
peine plus sévère, s’il y a mort d’homme, que celle infligée
à l’inspecteur. Les chicaniers du tribunal ont tout d’abord
profité du fait que, pour des sévices dans l’exercice de fonc
tions publiques, la loi prévoit plusieurs peines et laisse au
juge, selon les circonstances, le choix entre la prison (2 mois
au moins) et la déportation en Sibérie. Ne pas enfermer le
juge dans des stipulations trop formelles, lui laisser une
certaine latitude, c’est évidemment un principe très rai
sonnable, et nos professeurs de droit pénal en ont à juste
titre félicité à maintes reprises la législation russe en sou
lignant son libéralisme. Ils ont seulement, ce faisant, oublié
un détail : pour appliquer des décisions raisonnables, il
faut dos juges qui ne soient pas .réduits à la situation de sim
ples fonctionnaires, il faut que des représentants de la
société participent au jugement et des représentants de
l’opinion publique à l’examen de l’affaire. Et, d’autre part,
le substitut est venu ici à l’aide du tribunal, en abandonnant
à l’égard do Panov (et .d’Olkhovine) l’accusation de sévices
et de cruautés et en demandant de le punir seulement pour
voies de fait. Le substitut s’est référé, pour sa part, à la con
clusion des experts, selon qui les coups portés par Panov
n’ont été ni particulièrement cruels ni prolongés. Le sophis
me juridique, comme vous le voyez, ne se distingue pas par
une grande ingéniosité : du fait que Panov a frappé moins
que les autres, on peut dire que ses coups n’ont pas été
particuUèreinent cruels ; et s’ils n’ont pas été particuliè
rement cruels, on peut en conclure qu’ils ne doivent pas
être qualifiés do « sévices et cruautés » ; or, s’ils ne ren
trent pas dans la catégorie des sévices et cruautés, c’est qu’il