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crochet de la porte, se coupe un peu la main, se figure que
c’est Vozdoukhov qui retient le sabre et se jette sur lui à
bras raccourcis en criant qu’on l’a blessé. Il tape à toute
volée au visage, à la poitrine, dans les côtes, il frappe si
fort que Vozdoukhov tombe plusieurs fois à la renverse,
donne de la tête contre le plancher et demande grâce. « Pour
quoi me battez-vous?» disait-il, selon la déposition d’un
témoin qui était alors dans la chambre d’arrêt (Sémakhi
ne), je n’ai rien lait. Grâce, pour l’amour de Dieu ! »
D’après le même témoin, ce n’était pas Vozdoukhov qui était
ivre, mais bien plutôt Chélémétiev. Les camarades de ce
dernier, Choulpine et Chibaïev, qui n’avaient cessé de boi
re au poste de police depuis le jour de Pâques (le 20 avril était
un mardi, le troisième jour après la lête), apprennent que
Chélémétiev « administre une leçon » à Vozdoukhov
(l’expression figure dans l’acte d’accusation !). Ils pénè
trent dans le corps de garde en compagnie d’Olkhovine venu
d’un autre commissariat, frappent Vozdoukhov à coups de
poing, le jettent à terre et le piétinent. L’inspecteur
Panov arrive aussi, le frappe à la tête avec un livre et le
bat à coups de poing. « On l’a tant battu, tant battu,
a dit une lemme détenue, que j’en ai eu les tripes toutes
retournées .»La «leçon» une lois donnée, 1 ’ inspecteur ordonne
avec le plus parfait sang-froid à Chibaïev de laver le sang
sur le visage de la victime,—c’est quand même plus convena
ble, on ne sait jamais, si les chefs venaient à le voir ! —
et de la fourrer dans la chambre d’arrêt. « Dites, les frères !
s’adresse Vozdoukhov aux autres détenus, vous voyez dans
quel état la police m’a mis ? Soyez témoins, je porterai
plainte ! » Mais il n’cu eut pas l’occasion : le lendemain
matin, on le trouve absolument sans connaissance et on
l’envoie à l’hôpital, où il meurt huit heures après sans
avoir recouvré l’usage de ses sens. L’autopsie a décelé chez
lui dix côtes enfoncées, des ecchymoses sur tout le corps
et un épanchement de sang au cerveau.
La Chambre a condamné Chélémétiev, Choulpine et
Chibaïev à 4 ans de travaux forcés, Olkhovine et Panov à
un mois de prison, comme coupables seulement de « voies
de fait » ...
C’est par cette sentence que nous commencerons notre
analyse. Les condamnés aux travaux forcés étaient pour-