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dû très proches camarades et partisans de Plékhanov parmi
les jeunes (membres du groupe « Le Social-Démocrate » l27,
partisans de toujours de Plékhanov, militants, non pas des
ouvriers mais des militants, des gens simples, pratiques,
entièrement dévoués à Plékhanov), ces entretiens m’avaient
entièrement confirmé (ainsi qu’Arséniev) dans l’idée que
c’était bien ainsi que nous devions poser la question : ces
partisans de Plékhanov nous avaient déclaré eux-mêmes,
sans ambages, que la rédaction devait être située de pré
férence en Allemagne, car cela nous rendrait plus indépen
dants de Plékhanov, et que si les vieux avaient entre leurs
mains le travail effectif de rédaction, il s’ensuivrait des
retards effrayants, sinon l’échec de toute notre entreprise.
Pour les mêmes raisons, Arséniev aussi s’en tenait absolument
pour l’Allemagne.
Dans mon récit de la façon dont fallit s’éteindre VIskra,
je me suis arrêté à notre retour chez nous, le soir du diman
che 26 août (nouveau style). Dès que nous nous trouvâmes
seuls, en descendant du bateau, ce lut parmi nous comme un
déluge d’expressions indignées. C’était plus fort que nous,
l’atmosphère trop lourde se déchargeait en orage. Jusqu’à
une heure avancée, nous avons parcouru de long en large
notre petit hameau ; la nuit était assez sombre, dos orages
grondaient aux alentours et des éclairs brillaient. Nous
nous indignions tout en marchant. Arséniev, je m’en sou
viens, commença par dire qu’il considérait ses relations
personnelles avec Plékhanov comme désormais rompues pour
toujours, et qu’il ne les reprendrait jamais : les relations
d’aliaires demeureront, mais personnellement, entre moi et
lui, c’est fertig *. Sa façon d’agir est si blessante qu’elle
nous oblige à le soupçonner de très « vilaines » pensées à
notre égard (c’est-à-dire qu’il nous assimile mentalement
à des Streber **). Il nous traite plus bas que terre, etc.
Je soutenais entièrement ces accusations. Ma « passion »
pour Plékhanov avait disparu comme par enchantement,
et il m’en restait un dépit et une amertume incroyables.
Jamais, jamais de ma vie, je n’avais eu pour un homme au
* Fini. (N.R.)
♦♦ Ambitieux, arriviste. (N.R.)