☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Page 351 · vol. 4

de voix ? — Six. — Ce n’est pas pratique. — Eh bien !

intervient Zassoulitch, que Plékhanov ait deux voix, autre
ment il sera toujours seul : deux voix sur les questions de
tactique. » Nous acceptons. Alors Plékhanov prend en
mains les rênes du pouvoir et se met, jouant le rédacteur
en chef, à répartir les rubriques et les articles entre les assis
tants, sur un ton ne soutirant pas de réplique. Nous restons
tous là consternés, acceptant passivement toutes choses,
incapables encore de digérer ce qui nous arrive. Nous sen
tons que nous sommes joués, que nos remarques deviennent
de plus en plus timides, que Plékhanov les « écarte » (il
ne les réfute pas, il les écarte) avec toujours moins d’effort
et de plus en plus négligemment, que le « nouveau système »
équivaut entièrement de lacto à la domination absolue de
Plékhanov et que celui-ci, le comprenant fort bien, ne se
gêne pas pour tenir la bride haute et ne prend pas des gants
avec nous. Nous avions conscience d’être définitivement
joués et battus à plate couture, mais nous ne réalisions pas
encore complètement notre situation. En revanche, dès que
nous restâmes seuls, descendus du bateau et nous dirigeant
vers notre villa, nous éclatâmes tous les deux et nous
pandîmes en tirades furieuses et pleines de colère contre
Plékhanov.

Mais avant d’exposer le contenu de ces tirades et le
résultat auquel elles ont conduit, je ferai une petite digres
sion et reviendrai on arrière. Pourquoi étions-nous si indi
gnés à l’idée d’une domination sans partage de Plékhanov
(indépendamment de la forme de cette domination )? Aupa
ravant, nous avions toujours pensé que nous serions les
rédacteurs, et eux do très proches collaborateurs. C’est ce
que j’avais proposé d’établir formellement dès le début
(encore en Russie) ; Arséniev ne voulait pas recourir à une
décision formelle et préférait agir «à l’amiable» (ce qui,
disait-il, reviendrait au même). Je consentis. Mais nous
étions tous deux d’accord pour estimer que c’était à nous
d’être les rédacteurs, parce que les « vieux » étaient into
lérants à 1 excès, et aussi parce qu’ils ne pourraient pas
s’acquitter convenablement de ce lourd et ingrat travail
de rédaction : seules ces considérations étaient décisives
pour nous ; quant à leur laisser la direction idéologique, nous
en convenions volontiers. Mes entretiens de Genève avec