☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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Axelrod et Zassoulitch et nous deux en l’absence de notre
troisième)124. Axelrod arriva enfin, et le congrès s’ouvrit.

A propos de notre attitude envers l’Union juive (le Bund)
Plékhanov manifesta une intolérance phénoménale, décla
rant sans plus de façons que ce n’était pas une organisation
social-démocrate, mais simplement une organisation d’ex
ploiteurs qui exploitait les Russes, disant que notre but
était de chasser ce Bund du Parti, que les Juiis étaient tous
des chauvins et des nationalistes, qu’un parti russe devait
être russe et ne pas se laisser « subjuguer » par cette « race
infâme », etc. Toutes nos objections contre ces propos in
convenants n’aboutirent à rien. Plékhanov resta entière
ment sur ses positions, disant que nous ignorons tout des
milieux juifs et que nous manquions de savoir pratique quant
au travail en commun avec les Juifs. Aucune résolution ne
fut prise sur ce point. Il fut donné lecture, devant le con
grès, de la « déclaration » : Plékhanov eut un comportement
bizarre, gardant le silence, ne proposant aucun amendement,
ne s’élevant pas contre le fait qu’on y autorisait la polé
mique; en un mot, il sembla se tenir à l’écart, oui, à l’é
cart, et refuser de participer, se bornant à lancer incidemment,
en passant, une remarque venimeuse, caustique, selon la
quelle, pour sa part, il (où plutôt « eux », c’est-à-dire le
groupe « Libération du Travail » où il joue le rôle de dic
tateur) aurait, bien sûr, écrit une tout autre déclaration.

Lancée incidemment, et d’ailleurs jointe à une phrase di
sant tout autre chose, cette remarque me fit un effet très
désagréable : nous sommes en conférence, entre corédac
teurs, et voilà l’un de nous (prié par deux fois de donner
son projet de déclaration ou de présenter ses amendements
à la nôtre) qui, sans proposer aucune modification, se
borne à remarquer sarcastiquement que lui, bien sûr, n’au
rait pas écrit ainsi (de façon aussi timide, aussi modeste,
aussi opportuniste, voulait-il dire). Il était clair, dès lors,
qu’il n’y avait pas de relations normales entre lui et nous.

Ensuite — je passe sur des points moins importants exa
minés au congrès — se pose la question de 1 ’attitude à 1 ’égard
de Bobo 125 et de M. Tougan-Baranovski. Nous sommes
d’avis de les inviter sous condition (l’âpreté de Plékhanov
nous y poussait fatalement : nous voulions montrer par
là que nous désirions une autre attitude. L’invraisembla-