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tre aux ouvriers que leur « bienfaiteur » est un loup déguisé
en mouton.
Mais la grève n’ouvre pas seulement les yeux des ou
vriers en ce qui concerne les capitalistes ; elle les éclaire aussi
sur le gouvernement et sur les lois. De même que les fa
bricants veulent se faire passer pour les bienfaiteurs des
ouvriers, les fonctionnaires et leurs valets veulent persua
der ces derniers que le tsar et son gouvernement agissent
en toute équité, avec un égal souci du sort des patrons et
des ouvriers. L’ouvrier ne connaît pas les lois, il n’a pas
affaire aux fonctionnaires, surtout à ceux d’un rang supé
rieur, et c’est pourquoi il ajoute souvent foi à tous ces pro
pos. Mais voilà qu’éclate une grève. Procureur, inspecteur
de fabrique, police, souvent même la troupe, se présentent
à la fabrique. Les ouvriers apprennent qu’ils ont contrevenu
à la loi : la loi autorise les fabricants à se réunir et à discuter
ouvertement des moyens de réduire les salaires des ou
vriers, mais elle fait un crime à ccs ouvriers de se concerter
en vue d’une action commune ! Ils sont expulsés de leurs
logements ; la police forme les boutiques où ils pourraient
acheter des aliments à crédit ; on cherche à dresser les
soldats contre les ouvriers, alors même que ceux-ci restent
bien calmes et pacifiques. On va jusqu’à faire tirer sur les
ouvriers et, lorsque les soldats massacrent des ouvriers
desarmés en tirant dans le dos d’une foule qui s’enfuit,
le tsar on personne adresse ses félicitations à la troupe
(c’est ainsi que le tsar a félicité les soldats qui avaient
tué des ouvriers on grève à laroslavl, en 1895). Chaque
ouvrier se rend compte désormais que le gouvernement du
tsar est son pire ennemi, qu’il défend les capitalistes et
tient les ouvriers pieds et poings liés. L’ouvrier commence
à se rendre compte que les lois sont faites dans l’intérêt
exclusif des riches, que les fonctionnaires aussi défendent
l’intérêt do ces derniers, que la classe ouvrière est bâil
lonnée et qu’on ne lui laisse pas même la possibilité de
faire connaître ses besoins, que la classe ouvrière doit
de toute nécessité conquérir le droit de grève, le droit
de publier des journaux ouvriers, le droit de participer
à la représentation nationale, laquelle doit promulguer
les lois et en assurer l’exécution. Et le gouvernement
comprend fort bien lui-même que les grèves dessillent les