☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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yeux aux ouvriers ; c’est pourquoi il les craint tant et
s’efforce à tout prix de les étouffer le plus vile possible.

Ce n’est pas par hasard qu’un ministre de l’intérieur alle
mand, qui s’est rendu particulièrement célèbre en persé
cutant avec férocité les socialistes et les ouvriers cons
cients, a déclaré un jour devant les représentants du peuple :
«derrière chaque grève se prolile l’hydre (le monstre)
de la révolution » ; chaque grève affermit et développe
chez les ouvriers la conscience du fait que le gouvernement
est son ennemi, que la classe ouvrière doit se préparer à
lutter contre lui pour les droits du peuple.

Ainsi donc, les grèves apprennent aux ouvriers à s’unir ;
elles leur montrent que c’est seulement en unissant leurs
efforts qu’ils peuvent lutter contre les capitalistes ; les
grèves apprennent aux ouvriers à penser à la lutte de toute
la classe ouvrière contre toute la classe des fabricants
et contre le gouvernement autocratique, le gouvernement
policier. C’est pour cette raison que les socialistes ap
pellent les grèves « l’école de la guerre », une école où les
ouvriers apprennent à faire la guerre à leurs ennemis,
en vue d’affranchir l’ensemble du peuple et tous les tra
vailleurs du joug des fonctionnaires et du capital.

Mais « l’école de la guerre », ce n’est pas encore la
guerre elle-même. Lorsque les grèves se propagent large
ment parmi les ouvriers, certains d’entre eux (et quelques
socialistes) en viennent à s’imaginer que la classe ou
vrière peut se borner à faire grève, à organiser des cais
ses et des associations pour les grèves, cl que ces derniè
res à elles seules suffisent à la classe ouvrière pour amé
liorer sérieusement sa situation, voire pour réaliser son
émancipation. Voyant la force que représentent l’union
des ouvriers et môme des grèves de faible envergure, cer
tains pensent qu’il suffirait aux ouvriers d’organiser une
grève générale s’étendant à l’ensemble du pays pour ob
tenir des capitalistes et du gouvernement tout ce qu’ils dési
rent. Cette opinion a été également celle des ouvriers d’au
tres pays, alors que le mouvement ouvrier n’en était qu’à
ses débuts et manquait tout à fait d’expérience. Mais
cette opinion est fausse. Les grèves sont un des moyens de
lutte de la classe ouvrière pour son affranchissement, mais
pas le seul ; et si les ouvriers ne portent pas leur attention