☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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claire, et il importe éminemment que les ouvriers la connais
sent, parce que cet exemple leur permettra de comprendre
toute la politique du gouvernement russe à l’égard de la
classe ouvrière.

Si, au lieu d’instituer des conseils de prud’hommes,
le gouvernement a nommé de nouveaux lonctionnaires,
c’est parce que les conseils de prud’hommes auraient élevé
la conscience des ouvriers, les auraient rendus plus cons
cients de leurs droits, de leur dignité d’hommes et de ci
toyens, leur auraient appris à rélléchir par eux-mêmes aux
allaires publiques et aux intérêts de toute la classe ouvrière,
leur auraient appris à élire leurs camarades plus avancés
aux postes de représentants ouvriers, et auraient ainsi,
jusqu’à un certain point, mis un irein à l’arbitraire absolu
des lonctionnaires despotes. Or, c’est ce que notre gouver
nement redoute par-dessus tout. Il veut bien aller jusqu’à
distribuer aux ouvriers quelques aumônes (de peu d’impor
tance, évidemment, et en s’arrangeant pour les donner
solennellement d’une main, aux yeux de tous, ai in de se
poser en bienlaiteur, et pour les reprendre peu à peu, en
catimini, de l’autre main ! Les ouvriers ont déjà eu un exem
ple de ce subterluge avec la loi ouvrière du 2 juin 1897 !) ;
il est disposé à distribuer quelques aumônes à condition de
maintenir intact le despotisme des lonctionnaires et de ne
pas laisser s’éveiller la conscience de classe des ouvriers,
d’empêcher leur indépendance de se développer. Le gouverne
ment échappe sans peine à ce danger qui l’épouvante en
nommant de nouveaux lonctionnaires : les lonctionnaires
sont ses valets dociles. 11 ne coûte rien d’interdire aux
fonctionnaires (par exemple, aux inspecteurs de labrique)
de publier leurs comptes rendus ; il ne coûte rien de leur
interdire de parler aux ouvriers de leurs droits et des abus
des patrons ; il ne coûte rien de les translormer en argousins
de labrique en leur enjoignant d’inlormer la police de tout
mécontentement et de toute ellervescence parmi les ouvriers.

Aussi, tant que subsistera en Russie le régime politi
que actuel, c’est-à-dire l’absence de droits pour le peuple,
l’arbitraire des lonctionnaires et de la police non respon
sables devant le peuple, les ouvriers ne peuvent espérer
voir créer les conseils de prud’hommes qui leur seraient
si utiles. Le gouvernement comprend fort bien que les