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rent pas moins de cinq volumes où ils exposèrent les lois
des pays étrangers et proposèrent une nouvelle législation
pour la Russie. La loi proposée par la commission pré
voyait U institution de conseils de prud'hommes avec des juges
élus pour une moitié par les fabricants et pour l'autre par les
ouvriers. Ce projet a été publié en 1865, c’est-à-dire il y a
34 ans. Et qu’a-t-on lait de ce projet ? demandera l’ouvrier.
Pourquoi le gouvernement, qui avait lui-même chargé ces
fonctionnaires de présenter un projet en vue des modifica
tions nécessaires, n’a-t-il pas institué en Russie de con
seils de prud’hommes ?
Notre gouvernement s’est comporté à l’égard du projet
de cette commission comme il le fait toujours à l’égard
de tous les autres projets tant soit peu utiles au peuple
et aux ouvriers. Il a rémunéré le travail accompli par les
fonctionnaires pour le tsar et la patrie ; il leur a accro
ché des décorations, leur a donné de l’avancement et les
a nommés à des postes plus lucratifs. Quant au projet
qu’ils avaient établi, il l’a tranquillement enloui dans
les tiroirs, comme on dit dans les bureaux. Il y est en
core aujourd’hui. Le gouvernement a complètement en
terré l’idée qu’il faudrait accorder aux ouvriers le droit
d’élire leurs propres délégués ouvriers aux conseils de
prud’hommes.
Cependant, on ne saurait dire que depuis ce temps-là
le gouvernement n’a pas pensé une seule fois aux ouvriers.
A vrai dire, ce n’est pas de son plein gré qu’il s’est sou
venu d’eux, mais uniquement sous la pression de grèves et
de troubles menaçants ; mais enfin il a quand même pensé
à eux. 11 a édicté des lois interdisant le travail des en
fants dans les fabriques, le travail de nuit pour les femmes
dans certaines branches de production, des lois réduisant
la journée de travail, instituant des inspecteurs de fa
brique. Si procédurières que soient ces lois, si nombreuses
que soient les échappatoires laissées aux fabricants dési
reux de violer ou de tourner ces lois, elles n’en sont pas
moins d’une certaine utilité. Mais alors pourquoi, au lieu
d’instituer les conseils de prud’hommes prévus par une loi
déjà complètement élaborée, le gouvernement a-t-il préféré
introduire de nouvelles lois et créer de nouveaux fonction
naires : les inspecteurs de fabrique ? La raison en est très