☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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ment la création de conseils de prud’hommes, exigent que
ces conseils existent non seulement à l’intention des ou
vriers d’usine (chez les Allemands et les Français ces con
seils existent déjà), mais aussi à l’intention des ouvriers
travaillant à domicile pour le compte de capitalistes (des
artisans) et des ouvriers agricoles. Aucun fonctionnaire
nommé par le gouvernement (ni les juges, ni les inspecteurs
de fabrique') ne pourra jamais remplacer ces institutions où
participeraient les ouvriers eux-mêmes : inutile de nous
étendre là-dessus après tout ce qui a été dit plus haut. D’ail
leurs, tout ouvrier sait par sa propre expérience ce qu’il
peut attendre des fonctionnaires ; tout ouvrier comprendra
fort bien que si on lui dit que des fonctionnaires sauront
le défendre tout aussi bien que des délégués élus par les
ouvriers eux-mêmes, c’est un mensonge pur et simple. Ce
mensonge est très avantageux pour le gouvernement, qui
veut que les ouvriers restent des esclaves des capitalistes,
des esclaves ignorants, privés do tous droits et réduits
au silence. C’est bien pourquoi on entend si souvent ces
assertions mensongères émanant de fonctionnaires ou d’é
crivains qui se font les avocats des fabricants et du gou
vernement.
La nécessité et l’utilité des conseils de prud’hommes
pour les ouvriers sont évidentes au point que les fonction
naires russes eux-mêmes les ont depuis longtemps reconnues.

A vrai dire, cela remonte si loin que beaucoup l’ont oublié l
C’était lorsque nos paysans ont été affranchis par l’abo
lition du servage (en 1861, il y a plus de 38 ans). Vers
la même époque, le gouvernement russe décida de remplacer
par de nouveaux textes les lois relatives aux artisans et
aux ouvriers d’usine : il était désormais trop évident
qu'après l’affranchissement des paysans, on no pouvait
plus laisser subsister les anciennes lois ouvrières ; à l’épo
que où elles avaient été élaborées, beaucoup d’ouvriers
étaient encore des serfs. Et le gouvernement désigna une
commission de plusieurs fonctionnaires, chargés d’étudier
les lois d’Allemagne et de France (ainsi que d’autres pays)
sur les ouvriers d’industrie et d’élaborer un projet de mo
dification des lois russes sur ces ouvriers et sur les arti
sans. De très hauts personnages faisaient partie de cette
commission. Ils se mirent cependant au travail et ne publie-