☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 312-313

ces lois ont été faites, dans l’intérêt de qui agissent les
gens qui les appliquent. Une lois initié aux lois, tout ou
vrier verra clairement qu’elles défendent les intérêt^ de la
classe des possédants, des propriétaires, des capitalistes,
de la bourgeoisie, et que la classe ouvrière n’arrivera jamais
à améliorer sa situation d’une laçon durable et radicale tant
qu’elle n’aura pas conquis le droit d’élire ses mandataires,
qui participeront à l’élaboration des lois et au contrôle de
leur application.

Ensuite (quatrièmement), le bon côté des conseils de
prud’hommes, c’est qu’ils habituent les ouvriers à parti
ciper par eux-mêmes aux allaires publiques, aux allaires
de l’Etat (car le tribunal est une institution olliciclle dont
l’activité lait partie do l’activité de l’Etat), qu’ils habi
tuent les ouvriers à élire leurs camarades les plus intelli
gents, les plus honnêtes, les plus iermes dans la délense de
la cause ouvrière, à des postes où l’effort de ces ouvriers
apparaît nettement à toute la classe ouvrière, à des postes
où les représentants ouvriers peuvent exposer les besoins
et les revendications de tous les ouvriers. L’intérêt de la
classe des capitalistes, l’intérêt de la bourgeoisie tout en
tière, est de maintenir les ouvriers dans l’ignorance et dis
persés, afin de pouvoir congédier sans retard les ouvriers
plus intelligents que les autres et qui profitent do leur in
telligence et de leur savoir, non pour trahir la cause ouvriè
re en gagnant les faveurs des contremaîtres, des patrons
et de la police, mais pour aider les autres ouvriers à acquérir
plus de connaissances et leur apprendre à détendre ensemble
la cause ouvrière. Mais pour que tous les ouvriers connais
sent ces ouvriers d’avant-garde, si nécessaires à la cause
ouvrière, et pour qu’ils leur accordent leur confiance, il
est essentiel que tous soient témoins de l’activité de ces
ouvriers, que chacun sache s’ils sont capables d’exprimer
et de défendre les véritables besoins et les vœux réels des
ouvriers. Si les ouvriers pouvaient élire de tels hommes au
poste de juges, les meilleurs d’entre les ouvriers seraient
connus de tous, on leur accorderait une plus grande confiance
et la cause ouvrière y gagnerait énormément. Voyez nos
grands propriétaires fonciers, nos industriels et nos mar
chands: ils ne se contentent pas de la possibilité qu’a chacun
d’eux do se rendre chez un gouverneur ou un ministre et

de lui exposer ses demandes ; ils s’attachent encore à obtenir
que leurs représentants élus siègent aux tribunaux (les
tribunaux comprenant des représentants des états) et pren
nent une part directe à l’administration des affaires (par
exemple, les maréchaux de la noblesse n0, les curateurs
des écoles, etc., élus par les nobles, etc. ; les membres des
services des fabriques 111, les membres des comités de la
Bourse et des comités des foires, etc., désignés par les mar
chands). Quant à la classe ouvrière de Russie, elle est privée
de tous droits : on la considère comme une bête de somme
tenue de travailler pour les autres et de se taire, sans pouvoir
se permettre de formuler ses besoins et ses désirs. Si les
ouvriers élisaient régulièrement leurs camarades aux con
seils de prud’hommes, ils auraient au moins quelque possi
bilité de participer aux allaires publiques et de laire con
naître non seulement l’opinion de tel ou tel ouvrier, de
Pierre ou de Paul, mais les opinions et les revendications
de tous les ouvriers. Et les ouvriers ne se mélieraient plus
des tribunaux comme ils se méfient des tribunaux de fonc
tionnaires : ils verraient qu’il s’y trouve des camarades
à eux pour les détendre.

Et puis (cinquièmement), les conseils de prud’hommes
présentent pour les ouvriers l’avantage de donner plus de
publicité aux affaires concernant les usines et à tous les
événements de la vio en usine. Nous voyons qu’aujourd’hui
les fabricants et le gouvernement font tout leur possible
pour dissimuler aux yeux du public ce qui se passe dans le
monde des fabriques : il est interdit de parler des grèves
dans la presse ; on a cessé également de publier les comptes
rendus des inspecteurs de fabrique sur la situation des ou
vriers ; on s’efforce de passer sous silence tous les abus et de
régler les choses au plus vite « à huis clos », par la voie
bureaucratique ; les réunions d’ouvriers sont interdites.

Il n’est pas étonnant que la masse des ouvriers soit souvent
très mal informée de ce qui se passe dans les autres fabriques
ou même dans les autres départements de la même fabrique.

Les conseils de prud’hommes, auxquels les ouvriers pour
raient fréquemment s’adresser, et où les affaires seraient
traitées aux heures où les ouvriers sont libres et publi
quement, c’est-à-dire en présence du public ouvrier, se
raient pour eux d’une grande utilité en ce sens qu’ils cou-