☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

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re des livres ; pour la même raison, bien peu suivent l’école,
et ceux-là même qui le lont savent seulement lire, écrire et
compter, ce qui est insutiisant pour s’orienter dans un do
maine aussi dillicile et compliqué que celui des lois russes.

Les ouvriers ne peuvent connaître les lois que lorsqu’ils
sont amenés à les appliquer eux-mêmes, à entendre et voir
prononcer des jugements d’après ces lois. Les ouvriers pour
raient mieux connaître les lois si, par exemple, ils étaient
désignés comme jurés (les patrons étant tenus de payer aux
ouvriers leur salaire habituel pendant les jours que ceux-ci
passeraient au tribunal), mais la société bourgeoise est
organisée de façon que seuls peuvent être jurés des membres
de la classe possédante (ou encore des paysans dressés dans
les «services publics », c’est-à-dire en lait dans lesservices
policiers subalternes) ; quant aux non-possédants, les pro
létaires, ils sont tenus do se soumettre uniquement aux
sentences d’un tribunal qui leur est étranger, sans avoir
le droit de juger eux-mêmes ! Lorsqu’on constitue des
conseils do prud’hommes, les ouvriers élisent eux-mêmes
pour juges leurs camarades, et ces élections se renouvellent
après un laps de temps déterminé ; ainsi, les élus ouvriers
appliquent eux-mêmes les lois et ont la possibilité d’ap
prendre à les connaître dans la pratique, c’est-à-dire non
seulement de lire ce qui est écrit dans le code (ce qui est
encore loin do signifier qu’on connaisse les lois), mais de
se rendre aussi pratiquement compte des cas où s’appli
quent telles ou telles lois, de la iaçon dont elles s’appli
quent et des conséquences qui en découlent pour les ou
vriers. Ensuite, outre les juges élus, les autres ouvriers se
familiarisent sans trop de peine avec les lois lorsqu’il existe
des conseils de prud’hommes, car un ouvrier peut toujours
s’entretenir facilement avec des juges élus parmi ses ca
marades et en obtenir les renseignements voulus. Le conseil
de prud’hommes étant plus accessible aux ouvriers qu’un
tribunal formé de fonctionnaires, les ouvriers le fréquentent
beaucoup plus souvent, assistent à l’examen des affaires
concernant leurs parents et les personnes de leur connais
sance et apprennent ainsi à connaître les lois. Or, pour
l’ouvrier, il importe infiniment de se familiariser avec les
lois, non seulement par les livres, mais dans la vie elle
même, afin de pouvoir comprendre dans l’intérêt de qui