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nettoyer une fois de plus une machine, ou autres faits ana
logues) ; mais pour l’ouvrier, ce ne sont pas du tout des
détails. Seuls les ouvriers eux-mêmes peuvent juger de la
masse de vexations, d’avanies et d’humiliations causées
parfois dans les fabriques par des règles et dispositions de
détail, à première vue absolument insignifiantes et anodines.
Le troisième avantage des conseils de prud’hommes pour
les ouvriers est qu’en y participant, et par leur intermédiai
re, les ouvriers apprennent à connaître les lois. Généralement,
les ouvriers (dans leur masse) ignorent les lois et ne peuvent
pas les connaître, ce qui n’empêche pas les bureaucrates et
les juges fonctionnaires de les punir pour cette ignorance des
lois. Si un ouvrier, entendant invoquer une loi par un fonc
tionnaire, répond qu’il l’ignorait, le fonctionnaire (ou
le juge) lui rira au nez ou le rabrouera : « Nul n’est
censé ignorer la loi», — voilà ce que dit le code russe.
Chaque fonctionnaire et chaque juge suppose donc que
tout ouvrier connaît les lois. Mais cette supposition est
un mensonge bourgeois, un mensonge inventé par les clas
ses possédantes et par les capitalistes contre les non-possé
dants, le même mensonge que l’hypothèse suivant laquelle
l’ouvrier conclut avec le patron un « contrat libre ». La
vérité est que l’ouvrier qui va travailler à l’usine dès son
jeune âge, ayant à peine appris à lire et à écrire (et nom
breux sont ceux qui ne peuvent même pas apprendre à lire
et à écrire !), n’a pas le temps d’étudier les lois ni personne
pour les lui faire connaître, ce qui serait d’ailleurs à peu
près inutile, —car les lois étant appliquées sans qu’on
lui demande son avis, par des fonctionnaires issus de la
bourgeoisie, la connaissance des lois ne lui donnera pas
grand-chose ! Les classes bourgeoises qui accusent les
ouvriers d’ignorer les lois n’ont absolument rien fait pour
faciliter aux ouvriers l’acquisition de cette connaissance,
et c’est pourquoi les vrais responsables de l’ignorance
des lois par les ouvriers sont moins ces derniers que leurs
exploiteurs (=spoliateurs), qui détiennent tous les biens,
vivent du travail des autres et veulent profiter seuls de
l’instruction et de la science. Aucune école et aucun livre
ne donnera et ne peut donner aux ouvriers la connaissance
des lois, car parmi les millions de travailleurs écrasés par
le capital, bien rares sont ceux qui ont la possibilité de li-