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mocrate révolutionnaire, oublier tout cela et reconnaître
qu’il est impossible d’appeler les masses ouvrières à l’action
politique ! On nous répliquera peut-être que, souvent, les
faits cités sont plutôt des explosions spontanées que de la
lutte politique. Mais nos grèves, répondrons-nous, n’ont
elles pas été de simples explosions spontanées jusqu’au
moment où les cercles révolutionnaires des socialistes ont
entrepris un large travail d’agitation, ont appelé les mas
ses ouvrières à la lutte de classe, à la lutte consciente con
tre leurs oppresseurs ? Peut-on indiquer dans l’histoire un
seul mouvement populaire, un seul mouvement de classe,
qui n’ait pas commencé par des explosions, non organisées,
spontanées, qui ait pris une forme organisée et créé des
partis politiques sans l’intervention consciente des repré
sentants intellectuels de cette classe ? Si l’irrésistible at
trait spontané de la classe ouvrière vers la lutte politique
ne se manifeste le plus souvent, jusqu’à présent, qu’à tra
vers des explosions non organisées, seuls les Moskovskié
Viédomosti 107 et le Grajdanine103 en déduiront que l’ou
vrier russe n’est pas encore mûr, dans sa masse, pour l’agi
tation politique. Un socialiste, par contre, en déduira que,
depuis très longtemps déjà, a mûri la nécessité d’une agi
tation politique, de l’appel le plus largo possible aux mas
ses ouvrières pour l’action politique et la lutte politique ;
si nous ne lançons pas cet appel, nous no remplissons pas
notre devoir et nous cessons, au fond, d’ôtro des social-dé
mocrates, parce que les organisations économiques et
syndicales ne pratiquant pas la lutte politique ont tou
jours et partout été prônées par les partisans frénétiques
de la bourgeoisie ; aussi no peut-on qualifier autrement
que de criminelle et d’infâme cette façon systématique de
rester muet sur la lutte politique et les tâches politiques
de la classe ouvrière russe, qui est le fait, par exemple, du
journal Rabotchaïa Mysl. Ce mutisme revient à corrompre
la conscience politique des ouvriers qui voient et qui res
sentent l’oppression politique, se soulèvent spontanément
contre elle et ne rencontrent auprès de leurs dirigeants
socialistes que de l’indifférence, ou même une polémique
contre l’idée de la lutte politique. On ne peut s’empêcher
de parler d’indifférence et d’une extrême étroitesse d’esprit
quand on nous dit que les idées do liberté politique doivent