☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Page 297 · vol. 4

« caractère essentiellement économique du mouvement »,
l’impossibilité de l’agitation et de la lutte politiques, la
nécessité de se tenir sur le terrain solide des nécessités
et des besoins réels (comme si la lutte pour la liberté poli
tique n’était pas suscitée par une nécessité et un besoin
on ne peut plus réels !), en un mot par ces formules à la
mode dont sont tissés des ouvrages à la mode tels que le
«Credo» et le supplément spécial de la Rabotchaïa Mysl.

Arrêtons-nous en substance sur cette affirmation dans la
quelle se concentrent, comme au foyer d’une lentille, tou
tes les faiblesses de la Profession de foi que nous examinons,
à savoir la thèse selon laquelle « il n’est pas possible, ac
tuellement, d’appeler la masse des ouvriers à l’action poli
tique », autrement dit de mener une agitation politique,
l’ouvrier russe n’étant pas encore mûr pour la lutte poli
tique. Cette dernière affirmation est, par bonheur, absolu
ment erronée (nous disons « par bonheur », car si elle était
fondée, elle devrait inévitablement conduire les marxistes
et les social-démocrates russes dans ce marécage de banalités
trado-unionistes et libéralo-bourgeoises où s’efforcent de
les précipiter les auteurs du « Credo » et de la Rabotchaïa
Mysl, ainsi que leurs nombreux acolytes de notre littératu
re légale). Non seulement l’ouvrier est mûr, dans sa
masse, pour la lutte politique, mais il a déjà révélé à
maintes reprises sa maturité, et accompli de nombreux
actes de lutte politique, souvent même d’une manière
spontanée.

En effet, la diffusion massive d’appels où le gouverne
ment est pris à partie, où il est fustigé, n’est-elle pas un
acte de lutte politique ? L’ouvrier russe, dans sa masse,
n’a-t-il pas réglé leur compte « par ses propres moyens » à
des policiers et des soldats par trop infatués et n’a-t-il
pas libéré de vive force ses camarades arrêtés ? N’a-t-il
pas, en maints endroits, affronté directement, dans des
combats de rue, la troupe et la police ? L’ouvrier russe,
dans sa masse, n’a-t-il pas, depuis plus de vingt ans, fourni
aux cercles et aux organisations révolutionnaires les meil
leurs, les plus cultivés, les plus honnêtes et les plus auda
cieux de ses camarades ? Mais, par complaisance pour une
doctrine à la mode, une doctrine platement bourgeoise,
nous devrions, nous les représentants du parti social-dé-