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lions et le nouveau programme qu’ils mettent à la place
des anciens.
11 nous reste à examiner encore une question, peut
être la plus importante : comment expliquer l’apparition
de cette orientation rétrograde dans la social-démocratie
russe ? Les qualités personnelles des rédacteurs de la Ra
botchdia Mysl, l’influence de la bernsteiniade en vogue ne
sont pas, selon nous, une explication suffisante. A notre
avis, cela tient surtout à une particularité dans le dévelop
pement historique de la social-démocratie russe, particu
larité qui a engendré —et qui devait temporairement en
gendrer — une conception étroite du socialisme ouvrier.
Dans les années 80 et au début des années 90, époque
où les social-démocrates ont commencé à militer pratique
ment en Russie, ils se sont trouvés en présence, première
ment, des adeptes de la « Narodnaïa Volia », qui leur repro
chaient de se telnir à l’écart de la lutte politique léguée
par le mouvement révolutionnaire russe, et contre lesquels
les social-démocrates polémisaient opiniâtrement; et, en se
cond lieu, de la société libérale russe, également mécon
tente de voir le mouvement révolutionnaire passer de la
« Narodnaïa Volia » à la social-démocratie. La polémique
avec les uns et les autres tournait autour de la question politi
que. Combattant la conception étroite des adeptes de la « Narod
naïa Volia», pour qui la politique se réduisait à l’organi
sation de complots, les social-démocrates pouvaient être
amenés à se prononcer et se sont parfois prononcés contre
la politique en général (étant donné la conception étroite
qui prévalait en cette matière). D’autre part, dans les sa
lons libéraux et radicaux de la « société » bourgeoise, les
social-démocrates pouvaient souvent entendre expri
mer le regret que les révolutionnaires aient renoncé à la
terreur : ceux qui tremblaient le plus pour leur peau et
n’avaient pas, au moment décisif, soutenu les héros qui
portaient des coups à l’autocratie, accusaient hypocrite
ment les social-démocrates d’indifférentisme politique et
souhaitaient ardemment voir renaître un parti qui tirerait
pour eux les marrons du feu. Il est tout naturel que les
social-démocrates aient pris en haine ces gens et leurs phra
séologie et se soient confinés dans une tâche plus terre à
terre, mais par contre plus sérieuse : le travail de propa-