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Donc, la classe ouvrière russe a d’ores et déjà formé et pro
mu d’elle-même les éléments nécessaires à la création d’un
parti ouvrier politique indépendant. Mais, du fait que les
couches avancées des ouvriers sont politiquement conscien
tes, les rédacteurs de la Rabotchaïa Mysl tirent cette conclu
sion... qu’il faut faire rétrograder ces ouvriers avancés,
pour piétiner sur place ! « Quelle lutte est-il souhaitable
de voir mener par les ouvriers?» interroge R. M., et il ré
pond : celle qui est possible, et la lutte possible est celle
que les ouvriers «mènent» «à l’heure présente»!!! Il se
rait difficile d’exprimer plus nettement l’opportunisme ab
surde et sans principes dont sont contaminés les rédacteurs
de la Rabotchdia Mysl, engoués qu’ils sont pour la « bern
steiniade » à la mode ! Est souhaitable ce qui est possible,
et est possible ce qui existe à l’heure présente ! C’est exacte
ment comme si l’on répondait à un homme s’apprêtant à
partir pour un long et dilficile voyage où l’attendent une
multitude d’obstacles et une foule d’ennemis, et demandant
où aller : il est souhaitable d’aller là où c’est possible, et
il est possible d’aller là où l’on se rend à l’heure présente !
C’est là du nihilisme pur et simple, pas révolutionnaire
mais opportuniste, qui est le fait soit d’anarchistes, soit
de libéraux bourgeois ! En « appelant » les ouvriers russes
à la lutte « partielle » et « politique » (et par la lutte poli
tique il entend, non pas la lutte contre l’autocratie, mais
seulement « la lutte pour améliorer la situation do tous les
ouvriers »), R. M. invite expressément le mouvement ou
vrier russe et la social-démocratie russe à faire un pas en ar
rière ; il invite en somme les ouvriers à se séparer des so
cial-démocrates et à jeter ainsi par-dessus bord tout l’ac
quis de l’expérience européenne et russe ! S’il s’agit de lut
ter pour améliorer leur situation, sans dépasser le cadre de
cette lutte, les ouvriers n’ont nul besoin des socialistes. Il
se trouvera dans tous les pays des ouvriers qui luttent pour
améliorer leur situation, ignorant tout du socialisme, ou
même en lui étant hostiles.
« Pour conclure, écrit R. M., quelques mots sur notre
conception du socialisme ouvrier.» Après ce qui vient
d’être dit, le lecteur n’aura plus de peine à s’imaginer quelle
peut être cette « conception ». C’est tout simplement une
copie du livre « à la mode » de Bernstein. A la lutte de