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cette fusion, qui cherche à séparer artificiellement le mou
vement ouvrier et la social-démocratie en Russie, celui-là
est loin de servir la cause du socialisme ouvrier et du mou
vement ouvrier russe ; au contraire, il lui fait du tort.
Poursuivons. «Quant aux revendications se situant
sur un plan plus vaste, aux revendications politiques,
écrit R. M.. c’est seulement dans celles des tisserands de
Pétersbourg... en 1897, que nous trouvons le premier cas,
encore peu conscient d’ailleurs, où nos ouvriers aient for
mulé de larges revendications politiques de ce genre. >
Nous devons répéter une lois de plus que cela est absolu
ment faux. En s’exprimant de la sorte, la rédaction de la
Rabotchaïa Mysl lait preuve, 1° d’un oubli, impardonnable
pour un social-démocrate, de l’histoire du mouvement
révolutionnaire et ouvrier russe, et 2° d’une conception
impardonnablcment étroite de la cause ouvrière. Do larges
revendications politiques ont été formulées par les ouvriers
russes, aussi bien dans le tract du mois de mai de l'Union
de lutte de Saint-Pétersbourg en 1898, que dans les jour
naux Sancl-Pétersbourgski Rabot ch i Listok et Rabotchaïa
Gazéta, laquelle a été reconnue en 1898 par les organisations
d’avant-garde des social-démocratos russes comme l’or
gane officiel du « Parti ouvrier social-démocrate de Rus
sie ». Dédaignant ces laits, la Rabotchaïa Mysl lait marche
arrière et justifie pleinement l’opinion suivant laquelle
elle ne représente pas les ouvriers avancés, mais les cou
ches inférieures, peu développées, du prolétariat (R. M.
indique hii-meme dans son article que le fait a déjà été
signalé à la Rabotchaïa Mysl). Les couches intérieures du
prolétariat ignorent l’histoire du mouvement révolution
naire russe, et R. M. ne le connaît pas davantage. Les
couches inférieures du prolétariat ne comprennent pas le
rapport qui existe entre le mouvement ouvrier et la social
démocratie, et R. M. ne le comprend pas non plus. Pour
quoi, dans les années 90, les ouvriers russes n’ont-ils pas
formé d’organisations autres que celles des socialistes,
comme ils l’ont lait dans les années 70 ? Pourquoi n’ont
ils pas formulé leurs propres revendications politiques,
sans laire état des socialistes ? R. M. croit sans doute l’ex
pliquer en disant que « les ouvriers russes sont encore fort
peu préparés à cela » (page 5 de son article) ; mais, par cette