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explication, il ne fait que démontrer une fois de plus qu’il
n’a le droit de parler qu’au nom des couches inlérieures
du prolétariat. Lors du mouvement des années 90, les cou
ches ouvrières inlérieures n’avaient pas conscience de son
caractère politique. Néanmoins, tout le monde sait (et
R. M. le dit lui-même) que le mouvement ouvrier des an
nées 90 a eu une grande portée politique. Cela, parce que le
caractère du mouvement avait été déterminé, comme par
tout et comme toujours, par les ouvriers avancés et la masse
ouvrière les suivait parce qu’ils s’étaient montrés à ses
yeux prêts et aptes à servir la cause ouvrière, et qu’ils
avaient su gagner sa confiance absolue. Or, ces ouvriers
avancés étaient des social-démocrates ; beaucoup d’entre
eux avaient même participé personnellement à ces discus
sions entre partisans de la « Narodnaïa Volia » et social
démocrates, qui ont marqué le passage du mouvement ré
volutionnaire russe de la phase du socialisme paysan et
conspirateur au socialisme ouvrier. On comprend 'mainte
nant pourquoi ces ouvriers avancés no se sont pas séparés
des socialistes et des révolutionnaires pour former des orga
nisations distinctes. Celte séparation avait sa raison d’être
et était nécessaire à l’époque où le socialisme voulait se
démarquer du mouvement ouvrier. Elle devenait impossible
et absurde dès lors que les ouvriers avancés avaient al faire
à un socialisme ouvrier et à des organisations social-démo
crates. La fusion, des ouvriers avancés avec les organisations
social-démocrates était tout à fait naturelle et inévitable.
Elle apparut comme le résultat de ce lait historique capital
qu’a constitué la conjonction, dans les années 90, de deux
profonds mouvements sociaux en Russie : l’un spontané,
le mouvement populaire dans la classe ouvrière; l'autre’
le mouvement de la pensée sociale vers la théorie de Marx
et d’Engels, vers la doctrine de la social-démocratie.
On va voir par ce qui suit quelle conception infiniment
étroite la Rabotchaïa Mysl se fait de la lutte politique.
Parlant des larges revendications politiques, R. M. écrit :
« Or, pour que cette lutte politique puisse être menée par
les ouvriers en pleine conscience et en toute indépendance,
il faut qu’elle soit l’œuvre des organisations ouvrières
elles-mêmes, que ces revendications politiques des ouvriers
s’appuient sur la conscience de leurs besoins politiques