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ment révolutionnaire en Russie, ni les tâches politiques de
la classe ouvrière russe. « L’indice le plus caractéristique
de l’orientation de notre mouvement,, écrit 7?. 71/., ce sont
naturellement les revendications présentées par les ou
vriers. » Nous demandons : pourquoi alors ne range-t-on
pas parmi les indices de notre mouvement les revendications
des social-démocrates et des organisations social-démocrates ?
Pour quelle raison R. M. sépare-t-il les revendications
ouvrières de celles des social-démocrates russes ? Or, il
maintient cette séparation d’un bout à l’autre de son ar
ticle, comme la rédaction de la Rabotchaïa Mysl le fait
d’ailleurs elle-même dans chaque numéro de son journal.
Pour expliquer cette erreur de la Rabotchaïa Mysl, il nous
faut élucider la question générale des rapports du socialisme
avec le mouvement ouvrier. Dans tous les pays d’Europe
occidentale, le socialisme et le mouvement ouvrier ont
d’abord existé indépendamment l’un de l’autre. Les ouvriers
luttaient contre les capitalistes, organisaient des grèves et
montaient des associations, cependant que les socialistes se
tenaient à l’écart du mouvement ouvrier et créaient des
théories qui critiquaient l’actuel régime capitaliste, le ré
gime bourgeois, et réclamaient son remplacement par un
autre régime social d’un ordre supérieur, le régime socia
liste. La séparation entre le mouvement ouvrier et le so
cialisme faisait que l’un et l’autre étaient faibles, peu dé
veloppés : les doctrines socialistes, non fusionnées avec la
lutte ouvrière, restaient simplement des utopies, de pieux
souhaits sans effet sur la vio réelle ; le mouvement ouvrier
demeurait axé sur des détails, fragmenté, n’acquérait pas
d’importance politique, n’était pas éclairé par la science
d’avant-garde de son temps. Aussi constatons-nous que,
dans tous les pays européens, s’est manilestée une tendance
de plus en plus marquée à fusionner le socialisme et le mou
vement ouvrier au sein d’un mouvement social-démocrate
unique. Par suite de cette fusion, la lutte de classe des
ouvriers devient une lutte consciente du prolétariat pour
s’affranchir de l’exploitation dont il est l‘objet de la part des
classes possédantes ; en même temps, il s’élabore une forme
supérieure du mouvement ouvrier socialiste : le parti
ouvrier social-démocrate indépendant. L’orientation du so
cialisme vers la fusion avec le mouvement ouvrier est le