Page 236 · vol. 4
crate de Russie », qui a proclamé son intention d’élaborer
le programme du Parti dans un proche avenir, a montré
avec évidence que la nécessité d’un programme est née des
besoins du mouvement lui-même. La question urgente de
notre mouvement n’est plus à l’heure actuelle de développer
l’ancien travail disséminé, « artisanal », mais d’unir, d’or
ganiser. Pour faire ce pas, il faut un programme ; celui-ci
doit formuler nos vues essentielles, fixer avec précision
nos tâches politiques immédiates, indiquer les revendica
tions pressantes autour desquelles doit s’exercer notre tra
vail d’agitation, lui conférer l’unité, l’étendre et l’appro
fondir en transformant l’agitation particulière, fragmen
taire, pour des revendications minimes et isolées, en une
agitation pour tout l’ensemble des revendications social
démocrates. A l’heure où l’activité social-démocrate a mis
en branle une couche assez largo d’intellectuels socialistes
et d’ouvriers conscients, la nécessité s’affirme impérieuse
ment de consolider leurs liens par un programme et de leur
assigner ainsi à tous une base solide pour une activité ulté
rieure plus étendue. Enfin, la nécessité d’un programme
s’affirme impérieusement aussi parce que très souvent
l’opinion publique russe se trompe du tout au tout quant
aux véritables tâches et aux procédés d’action des social
démocrates russes : pour une part, de telles erreurs nais
sent naturellement sur le marais croupissant de notre vie
politique ; pour une autre part, elles sont suscitées arti
ficiellement par les adversaires do la social-démocratio.
En tout état de cause, c’ost un fait dont il faut tenir compte.
En fusionnant avec le socialisme et la lutte politique, le
mouvement ouvrier doit former un parti qui puisse dissiper
toutes ces erreurs, s’il veut prendre la tête do tous les élé
ments démocratiques de la société russe. On peut nous objec
ter que le moment actuel est d’autant plus mal choisi pour
l’élaboration d’un programme que des divergences surgis
sent et qu’une polémique s’engage parmi les social-démocra
tes eux-mêmes. Il me semble que c’est là, au contraire, un
argument de plus en faveur du programme. D’une part,
puisque la polémique est amorcée, il y a lieu d’espérer que,
lors de la discussion du projet, toutes les opinions et toutes
les nuances d’opinion se feront jour, et que le programme
sera discuté à fond. La controverse montre que les social-