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Il faudrait peut-être commencer par se demander si
les social-démocrates russes éprouvent vraiment l’impérieux
besoin d’un programme. Il nous est arrivé d’entendre dire
par des camarades militant en Russie que rien, dans la si
tuation présente, n’exige spécialement l’élaboration d’un
programme, que la question urgente est de développer et
de renforcer les organisations locales, d’assurer d’une ma
nière plus effective le travail d’agitation et la diffusion
de nos publications, qu’il est plus raisonnable de renvoyer la
rédaction du programme à une époque où le mouvement
sera plus solidement assis, qu’en ce moment le programme
risque de manquer de base.
Nous ne partageons pas cet avis. Certes, « tout pas en
avant, toute progression réelle importe plus qu’une dou
zaine de programmes 89», a dit K. Marx. Mais ni Marx ni
aucun autre théoricien ou praticien de la social-démocra
tie n’a nié l’importance considérable que présente un pro
gramme pour l’activité cohérente et continue d’un parti
politique. Les social-démocrates russes viennent juste
ment de traverser une période d’âpre polémique avec des
socialistes d’autres tendances et des non-socialistes, qui
ne voulaient pas comprendre la social-démocratie russe ;
ils ont également dépassé les premiers stades du mouve
ment alors que le travail s’effectuait en ordre dispersé par
de petites organisations locales. La nécessité de s’unir, de
créer une presse commune, de faire paraître des journaux
ouvriers russes, est dictée par la vie elle-même. Et la fon
dation au printemps 1898 du « Parti ouvrier social-démo-