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boulevardier célébrant le jubilé de la reine Victoria et trai
tant la statistique avec une légèreté nec plus ultra. On ne
connaît pas la source de ces renseignements qu’il est d’ail
leurs impossible d’obtenir à partir des données concernant
l’impôt sur le revenu en Angleterre, car celles-ci ne permet
tent pas de déterminer le nombre des contribuables et le
revenu global de chacun d’eux. Kautsky emprunte au livre
de Kolb des chiffres relatifs à l’impôt anglais sur le revenu
entre 1812 et 1847 et montre que, tout comme les données
tirées par Bernstein de son feuilleton, elles indiquent (soi
disant) une augmentation du nombre des possédants — et
cela pendant une période marquée par une terrible aggra
vation de la plus effroyable misère du peuple en Angle
terre ! Une analyse minutieuse des matériaux de Bernstein
amène Kautsky à conclure que celui-ci n’a cité aucun chif
fre démontrant réellement la multiplication du nombre
des possédants.
Bernstein essaie également de donner à sa thèse un fon
dement théorique: les capitalistes, dit-il, ne peuvent consom
mer eux-mêmes toute la plus-value dont la quantité s’ac
croît dans des proportions immenses ; partant, il y a éléva
tion du nombre des possédants qui la consomment. Kautsky
n’a pas grand mal à réfuter ce raisonnement grotesque qui
méconnaît complètement la théorie de la réalisation de Marx
(déjà exposée plus d’une fois dans la presse russe). Ce qui
est particulièrement intéressant, c’est que Kautsky ne le
réfute pas uniquement par des considérations théoriques,
mais aussi par des données concrètes qui attestent l’augmen
tation du luxe et du gaspillage dans les pays d’Europe occi
dentale, l’influence de la mode avec ses changements rapi
des qui accélèrent tellement ce processus, la recrudescence
du chômage, l’énorme hausse de la « consommation pro
ductive » de la plus-value, c’est-à-dire des investissements
dans de nouvelles entreprises, et notamment du capital
européen dans les chemins de fer et dans d’autres entre
prises de Russie, d’Asie et d’Afrique.
Bernstein déclare que la « théorie de la misère » ou « théo
rie de la paupérisation » de Marx est abandonnée de tout
le monde. Kautsky montre qu’il s’agit, là encore, d’une
exagération et d’une déformation imputables aux adver
saires de Marx, lequel n’a pas avancé de théorie de ce genre.