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à son avis, ce rôle témoigne en sa faveur (dans la quation
do la grande et de la petite production), tout en les payant
sous silence dans le cas contraire (lorsqu’il s’agit de l’aggra
vation de la paupérisation).
Bernstein fait siens les raisonnements, depuis longtemps
connus aussi du public russe, selon lesquels les sociétés par
actions « permettent » de fractionner le capital et « rendent
superflue » sa concentration, et il cite quelques chiffres
(voir le n° 3 de la revue Jizn pour 1899) sur le nombre des
petites actions. Kautsky répond que ces chiffres ne prouvent
rigoureusement rien, car les petites actions de différentes
sociétés peuvent être la propriété de gros capitalistes (ce
que Bernstein lui-même est bien obligé de reconnaître).
Bernstein n’apporte absolument aucune preuve à l’appui
de cette affirmation que les sociétés anonymes multiplient
le nombre des possédants ; il en est d’ailleurs incapable
car en réalité ces sociétés servent à exproprier le public
confiant et peu fortuné au profit des gros capitalistes et des
gros spéculateurs. L’augmentation du nombre des actions
atteste seulement la tendance de la richesse à revêtir cette
forme, mais elle ne prouve absolument rien quant à sa
répartition. D’une façon générale, Bernstein a traité avec
une légèreté surprenante de la multiplication du nombre des
possédants, du nombre des propriétaires, ce qui n’a pas
empêché ses adeptes bourgeois d’exalter précisément
cette partie de son livre et de la proclamer fondée sur « une
gigantesque documentation statistique ». Bernstein s'est
montré si habile, ironise Kautsky, qu’il a logé cette docu
mentation gigantesque dans deux pages en tout et pour
tout ! Il confond possédants et capitalistes, bien que per
sonne n’ait jamais contesté l’accroissement du nombre de
ces derniers. Il cite des chiffres relatifs à l’impôt sur le re
venu, ne tenant aucun compte de leur caractère fiscal et
de la confusion entre les revenus provenant d’une proprié
té et ceux provenant d’un traitement, etc. Il compare des
données se rapportant à diverses époques et obtenues par
des voies diflérentes (par exemple, pour la Prusse) et. de ce
fait, impossibles à comparer. 11 en arrive même à emprun
ter des chiffres sur l’élévation du nombre dos possédants
en Angleterre (et à les imprimer en caractères gras, comme son
principal atout !) à un feuilleton d’un quelconque journal