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Le prolétariat doit s’efforcer de créer des partis ouvriers
politiques indépendants, dont le but essentiel doit être
la conquête du pouvoir politique par le prolétariat pour
organiser la société socialiste. Il ne doit nullement consi
dérer les autres classes et partis comme « une seule masse
réactionnaire»69 : au contraire, il doit participer à toute
la vie politique et sociale, appuyer les classes et les partis
de progrès contre les classes et les partis réactionnaires,
soutenir tout mouvement révolutionnaire contre le régime
actuel, se faire le défenseur de toute nationalité ou race
opprimée, de toute religion persécutée, des femmes privées
de droits, etc. Les raisonnements des auteurs du « credo » sur
ce thème témoignent uniquement du désir d’estomper le
caractère de classe de la lutte du prolétariat, d’allaiblir
cette lutte par une absurde « reconnaissance de la société »,
de rétrécir le marxisme révolutionnaire au point d’en faire
un courant réformiste banal. Nous sommes, convaincus
que l’immense majorité des social-démocrates russes repous
sera résolument cette altération des principes fondamen
taux de la social-démocratie. Les prémisses erronées des au
teurs du « credo » sur le mouvement ouvrier d'Europe occi
dentale les conduisent à des « conclusions pour la Russie »
encore plus erronées.
Affirmer que la classe ouvrière russe « ne s’est pas encore
fixé d’objectifs politiques », c’est tout simplement révéler
son ignorance du mouvement révolutionnaire russe. Déjà
l’« Union des ouvriers russes du Nord » 60, fondée en 1878,
et l’« Union des ouvriers de la Russie du Sud »°l, fondée
en 1875, avaient revendiqué dans leur programme la liberté
politique. Après la période réactionnaire des années 80,
la classe ouvrière a repris maintes fois la même revendica
tion dans les années 90. Affirmer que « les propos sur la
création d’un parti politique ouvrier indépendant ne sont
que l’effet de la transplantation sur notre sol d’objectifs
étrangers, de résultats étrangers », c’est tout simplement
faire preuve d’une incompréhension totale du rôle historique
de la classe ouvrière russe et des tâches urgentes de la social
démocratie russe. Le programme des auteurs du « credo »
tend évidemment à ce que la classe ouvrière, suivant la
« voie du moindre effort », se limite à la lutte économi
que, tandis que les «éléments de l’opposition libérale»