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consommation, car les premiers ne sont pas fabriqués pour
eux-mêmes, mais seulement parce qu’on en utilise toujours da
vantage dans les industries qui produisent des biens de con
sommation*. Ainsi, la différence entre les conceptions des
économistes petits-bourgeois et celles de Marx ne réside
pas dans le lait que les premiers auraient reconnu d’une
façon générale l’existence d’un lien entre la production
et la consommation dans la société capitaliste, alors que le
second l’aurait niée (cela serait absurde). La dillércn
ce consiste en ceci que les économistes petits-bourgeois
considéraient ce lien entre la production et la consomma
tion comme immédiat et pensaient que la production suit la
consommation. Au contraire, Marx a montré que ce lien
zi’est que médiat, qu’il se manifeste seulement en fin de
compte, car dans la société capitaliste la consommation
suit la production. Mais, bien que médiat, le lion n’en
existe pas moins ; la consommation doit en dernière ins
tance suivre la production, et si les forces productives
poussent irrésistiblement à une augmentation illimitée de
la production, tandis que la consommation est restreinte
par suite de la prolétarisation des masses populaires, la
contradiction devient indubitable. Celle-ci no signifie pas
que le capitalisme soit impossible**, mais elle souligne la
nécessité de la transformation en une forme supérieure :
plus cette contradiction s’accuse, et plus se développent
les conditions objectives do cette transformation en mê
me temps que ses conditions subjectives, c’est-à-dire la
conscience que les travailleurs en prennent.
On se demande à présent quelle position pourrait bien
adopter M. Nejdanov sur la question de l’« indépendance »
des moyens de production à l’égard des biens de consomma
tion ? De deux choses l’une : ou bien il entreprendra de
* Das Kapital, III, 1, 28 952. Cité par moi dans le Naoutchnoïé
Obozrénié, p. 40 (voir le présent tome, p. 58.— N.R.) et dans Le déve
loppement du capitalisme, p. 17 (voir V. Lénine, Œuvres, tome 3. —
N.R.).
** Etudes, p. 20 (voir V. Lénine, Œuvres, tome 2. p. 153.—N.R.)\
Naoutchnoïé Obozrénié, n° 1, p. 41 (voir le présent tome, p. 60. N.R.) ;
Le développement du capitalisme, pp 19-20 (voir V. Lénine, Œuvres,
tome 3.—N.R.). Si cette contradiction entraînait un « produit excéden
taire systématique », elle signifierait précisément que le capitalisme
est impossible.