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à toutes les classes rurales produisant des marchandises ;
elle n’épargne pas les paysans moyens » (S. 231).
Toutes ces thèses de Kautsky sont si claires qu’il est
impossible, semble-t-il, de ne pas les comprendre. Néan
moins le critique ne les a visiblement pas comprises.
M. Boulgakov ne nous fait pasconnaître son opinion : il ex
plique d’une façon ou d’une autre cette augmentation
des exploitations paysannes moyennes, mais il prête à
Kautsky l’idée que « le développement du mode de pro
duction capitaliste conduit à la ruine de l’agriculture».
Et M. Boulgakov se déchaîne : « L’allirmation de Kauts
ky suivant laquelle l’agriculture se ruine est fausse, arbi
traire, non prouvée; elle contredit les laits réels les mieux
établis », etc., etc.
contraire. La rentabilité des petites exploitations — lisons-nous par
exemple — est due « à une énorme (ungeheucr) application et à un
esprit d’épargne extraordinaire » (88) ; les habitations des petits agri
culteurs sont plus misérables (107) ; les petits agriculteurs (ycoman
farmer) vivent dans des conditions pires que les fermiers (149) ; « leur
situation est tout à fait lamentable (dans le Lincolnshire) ; ils sont
plus mal logés que les ouvriers ne le sont dans les grandes fermes, et
certaines demeures sont tout à fait pitoyables. Leur travail est plus
pénible et plus prolongé que celui des ouvriers ordinaires, mais ils
gagnent moins que ces derniers. Ils vivent plus mal et mangent moins
de viande... leurs fils et leurs filles peinent gratuitement et sont mal
vêtus » (157). « Les petits fermiers travaillent comme des esclaves,
en été souvent de 3 heures du matin à 9 heures du soir » (communica
tion de la Chamber of Agriculture de Boston, p. 158). « Sans aucun
doute, déclare un gros fermier, les petites gens (dor kleine Mann) qui
ont peu de capitaux et qui font tout avec le concours des membres de
leur famille sont plus a même de restreindre les dépenses domesti
ques, alors que le gros fermier doit nourrir ses valets de ferme de la
même façon, que l’année soit bonne ou mauvaise» (218). Les petits
fermiers (du Iresbire) « font preuve d’une extraordinaire (ungeheucr)
diligence ; leurs femmes et leurs enfants ne travaillent pas moins que
des journaliers, et souvent plus ; on dit que deux d’entre eux abat
tent autant de besogne en un jour que trois ouvriers salariés » (231).
« La vie du petit fermier qui est obligé de travailler avec sa famille
est une vraie vie d’esclave » (253). « En somme... les petits fermiers
ont, semble-t-il, mieux supporté la crise que les gros, mais cela ne
veut pas dire que les petites fermes soient plus rentables. La raison,
à notre avis, en est que le petit exploitant (der kleine Mann) est aidé
gratuitement par sa famille... D’habitude... toute la famille du petit
fermier peine dans son exploitation... Los enfants travaillent au pair
et ne reçoivent que rarement un salaire quotidien fixe » (277-278),
etc., etc.