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raisonnement d’où M. Boulgakov prétend conclure que « la
réduction des dimensions d’une entreprise sous l’influence
d’une production plus intensive est une pure chimère»
(sic !) ; c’est que cette argumentation révèle la même
erreur due à l’abus des «données statistiques», contre
laquelle Kautsky nous a si bien mis en garde. M. Boulga
kov est d’une exigence ridiculement sévère à l’égard de la
statistique des surfaces des exploitations ; il lui attribue
une importance qu’elle ne peut jamais avoir. Pourquoi, en
effet, la superficie des labours devrait-elle augmenter
« quelque peu » ? Pourquoi l’intensification de la produc
tion (qui, comme nous l’avons vu, lait parfois vendre ou
donner à bail à des paysans des parcelles périphériques)
ne « devrait »-elle pas faire passer un certain nombre d’ex
ploitations d’une catégorie supérieure à une catégorie in
férieure ? Pourquoi ne « devrait »-elle pas diminuer la
surface des labours pour les exploitations allant de 20 à
1 000 hectares ? * Dans une statistique industrielle, une
diminution de la valeur globale de la production des plus
grosses fabriques témoignerait d’un déclin de la grande
production. Mais une réduction de 1,2% de la superficie
des grands domaines ne signifie rien et ne peut rien signifier
quant au volume de la production, qui augmente souvent en
même temps que la superficie des exploitations diminue.
Nous savons qu’en Europe, d’une façon générale, la cul
ture des céréales est supplantée par l’élevage, ce qui est
particulièrement net en Angleterre. On sait que cette évo
lution exige parfois qu’on réduise la surlace des fermes,
mais ne serait-il pas étrange d’en déduire un déclin de la
grande production ? Aussi, entre autres raisons, l’« éloquent
tableau » présenté par M. Boulgakov à la p. 20 et montrant
la diminution du nombre des grandes et des petites exploi
tations et la multiplication des moyennes (de 5 à 20 hecta
res) possédant des bêtes de somme, ne prouve encore abso
lument rien. Ce phénomène pourrait découler aussi bien
d’un changement du mode d’exploitation.
* Dans cette catégorie, la superficie passe de 16 986 101-à
16 802 115 hectares, c’est-à-dire que la diminution est en tout de
...1,2% ! Voilà, n’est-il pas vrai, une preuve vraiment convaincante
de l’« agonie » de la grande production découverte par M. Boulgakov .
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