☭ Lénine : Œuvres complètes informatisées

| Éditions Communistus

Volume 04 pages 142-143

lion de la paysannerie (les formes des métiers auxiliaires
des paysans) ont été étudiées par Kautsky avec la plus
grande précision (S. 174-193). Malheureusement, la place
ne nous permet pas d’examiner en détail la caractéristique
de ces lormes (travail salarié dans l’agriculture; indus
trie artisanale ou Hausindustrie, « le système le plus
odieux d’exploitation capitaliste» ; travail dans les fabri
ques et dans les mines, etc.). Notons seulement que Kaut
sky porte sur les métiers d'appoint exactement la même
appréciation que les savants russes. Les ouvriers qui se
livrent à ces métiers, étant moins évolués que ceux des vil
les et ayant des besoins intérieurs aux leurs, exercent sou
vent une influence nuisible sur les conditions d’existence
de ces derniers. «Mais pour les localités d’où ils viennent
et où ils retournent, ils sont les pionniers du progrès...

Ils acquièrent de nouveaux besoins, de nouvelles idées »
(S. 192), ils éveillent la conscience et le sentiment de la
dignité humaine, ils éveillent la confiance en leurs forces
parmi les paysans des coins perdus.

Pour conclure, arrêtons-nous sur une dernière attaque,
social. MM. Tougan-Baranovski et Strouvé ont indiqué très justement
que le critère des prix du blé doit être le suivant: éliminent-ils plus ou
moins rapidement la corvée au profit du capitalisme et accélèrent-ils
l’évolution sociale? C’est là une question de fait et je la tranche
autrement que Strouvé. Il n’est nullement prouvé, selon moi, que
les bas prix du blé retardent l’évolution du capitalisme dans l’agri
culture. Au contraire, le développement particulièrement rapide de
la construction des machines agricoles et le stimulant imprimé à la
spécialisation agricole par la baisse des prix du blé montrent que les
bas prix font progresser le capitalisme dans l’agriculture russe (voir
Le développement du capitalisme en Russie, p. 147, note 2 dans le
chapitre III, paragraphe V). (Voir V. Lénine, Œuvres, tome 3. N.R.)
La baisse des prix du blé exerce une profonde action transformatrice
sur tous les autres rapports dans l’agriculture.

M. Boulgakov écrit: «L’une des conditions importantes de
l’intensification de la culture est l’élévation des prix du blé » (Mon
sieur P.S-a s’exprime de même dans sa Chronique intérieure, page
299 du même fascicule du Nalchalo'}. C’est inexact. Marx a montré
dans la section VI du livre III du Capital** que la rentabilité dos in
vestissements supplémentaires dans la mise en valeur de la terre peut
baisser, mais aussi monter ; quand les prix du blé tombent, la rente
peut s’effondrer, mais aussi augmenter. Par conséquent, l’intensifica
tion peut être suscitée — dans des périodes historiques différentes et
dans les divers pays — par des conditions complètement différentes,
sans rapport avec le niveau des prix du blé.

particulièrement violente, de M. Boulgakov contre Kaut
sky. Celui-ci dit qu’en Allemagne, de 1882 à 1895, ce sont
les plus petites exploitations et les plus grandes (par leur
surlace) qui ont surtout augmenté en nombre (si bien que
le morcellement de la terre s’opère aux dépens des exploi
tations moyennes). En effet, les exploitations allant jus
qu’à 1 hectare ont vu leur nombre s’accroître de 8,8% ;
celles de 5 à 20 hectares de 7,8% et celles de plus de 1 000
hectares de 11% (les catégories intermédiaires n’ont pres
que pas changé, et le nombre total des exploitations agri
coles s’est élevé de 5,3%). M. Boulgakov est prolondément
indigné qu’on prenne des pourcentages concernant les
plus grands domaines, dont le nombre est insignifiant
(515 et 572 pour les années indiquées). L’indignation de
M. Boulgakov est dénuée de tout iondement. Il oublie que
ces entreprises insigniliantes par leur nombre sont les
plus importantes, qu’elles occupent presque autant de terre
que 2 300 000 à 2 500 000 exploitations naines (jusqu’à
un hectare). Si je dis que le nombre des plus grandes fabri
ques, comptant 1 000 ouvriers et plus, est passé dans le
pays, disons, de 51 à 57, soit une augmentation de 11,0%,
alors que le nombre total des fabriques s’est accru de 5,3%,
cela no prouvera-t-il pas un essor do la grande production,
bien que le nombre des plus grandes fabriques puisse être
insignifiant comparativement à la totalité des entreprises
industrielles ? Le lait que, pour la superficie cultivée, ce
sont les exploitations paysannes de 5 à 20 hectares qui
ont le plus augmenté (M. Boulgakov, p. 18), est parfaite
ment connu de Kautsky qui l’analyse dans le chapitre
suivant.

Kautsky étudie ensuite les modifications survenues
dans les superficies et dans les différentes catégories de
1882 et 1895. Il s’avère que la plus grande augmentation
( + 563 477 ha) concerne les exploitations paysannes de
5 à 20 hectares, puis les plus grandes, qui dépassent 1 000
hectares (+94 014), alors que la superficie des fermes de
20 à 1 000 hectares a diminué de 86 809 ha. Les exploita
tions allant jusqu’à 1 hectare ont accru leur surface totale
de 32 683 ha, et celles de 1 à 5 hectares de 45 604 ha.

Kautsky en conclut : la réduction de la superficie des
exploitations de 20 à 1 000 hectares (plus que compensée